L'Afrique du Sud a beau être le pays le plus riche du continent africain, il n'en demeure pas moins que l'accès à la culture est restreint à une partie de privilégiés dans le pays et à quelques amateurs éclairés dans le reste du monde. Deux villes principales concentrent l'activité culturelle du pays : Le Cap et Johannesburg. Le Cap, capitale parlementaire du pays, concentre les maisons d'édition et l'industrie cinématographique sud-africaine mais c'est de Johannesburg que partent toutes les tendances culturelles du pays. Depuis la fin de l'apartheid, la culture sud-africaine reste indissociable de l'histoire politique et sociale du pays. Le cinéma sud-africain, par exemple, est intarissable sur les séquelles laissées par l'apartheid dans le pays. La production documentaire anti-apartheid ne s'essouffle pas. Le cinéma qui donne à voir l'Afrique du Sud, on pense notamment à Mon nom est Totsi, Oscar du meilleur film étranger en 2006, est, lui, réalisé essentiellement par des réalisateurs blancs et l'Afrique du Sud post-apartheid n'inspire pas que les cinéastes sud-africains. On ne pouvait pas passer cette année à côté du très réussi Invictus, réalisé par Clint Eastwood avec Morgan Freeman dans le rôle de Mandela. L'apartheid inspire Hollywood et de façon parfois surprenante. Dernier exemple en date, le très étonnant District Nine. Ce film, produit par l'excellent Peter Jackson (le Seigneur des anneaux) et sorti en salle en 2009, se présentait comme un documentaire portant sur une invasion extraterrestre de Johannesburg. Ces derniers se retrouvent confinés et ghettoïsés dans des secteurs spéciaux et traités comme des esclaves… Une ressemblance avec des faits historiques est bien évidemment tout, sauf fortuite. A part le cinéma, la culture sud-africaine reste principalement un grand mystère au-delà de ses frontières ; et pourtant, il existe une réelle dynamique culturelle dans ce pays. L'Afrique du Sud est par exemple le berceau du kwaito (littéralement «énergie du ghetto»), un style de musique né à la fin des années 1980, une musique du fond du ghetto, donc, créée par les oubliés de l'apartheid des townships sud-africaines. Malgré la fin officielle de la ségrégation raciale dans le pays en 1991, le kwaito survit. Savant mélange de house, ragga, hip-hop et R&B, en dialecte ou en argot, le kwaito poursuit sa révolution ; certains le considèrent même comme la meilleure chose qui soit arrivée à la jeunesse sud-africaine depuis l'indépendance et comme un signe de renaissance de la liberté noire sud-africaine. Malgré la volonté de la jeunesse sud-africaine, le manque d'aide à la création pousse les jeunes artistes à s'exiler. Dans une société où la porte du succès international reste réservée aux élites blanches, les exemples noirs de réussite restent rares. Et pourtant, ils existent. Inspirés par leurs aînés, comme le prix Nobel de littérature J. M. Coetzee ou la chanteuse Miriam Makeba qu'on surnomme Mama Afrika, ils sont de plus en plus à entreprendre des aventures culturelles. Parmi eux, Siya Makuzeni, future grande figure de la musique africaine. Elle n'a que 28 ans, n'a toujours pas enregistré d'album et pourtant c'est une des chouchous de Youtube. Remarquée sur les scènes de Johannesburg, cette chanteuse formée au jazz donne aussi dans le rock, l'électrique, le drum'n'bass et le hip-hop ; elle est représentative d'une nouvelle jeunesse noire bien décidée à s'engouffrer dans la brèche. Dans un autre registre, on pourrait citer Billie Zangewa, plasticienne ; loin des clichés de l'art tribal, ses compositions témoignent de l'envie d'une jeunesse prête à tourner la page du passé même si la question raciale reste et continuera sans doute de hanter la production culturelle pour de nombreuses années encore. M. M. *Etudiante à l'Ecole des hautes études commerciales In lescandaleuxmag.fr