Dans son message transmis lundi, à la réunion de haut niveau de Cnuced, sur le thème “Le commerce et le développement pour la prospérité de l'Afrique ”, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a décortiqué la situation économique de l'Afrique. Par la voix de son représentant personnel, M. Ahmed Ouyahia, M. Abdelaziz Bouteflika, a exprimé son souhait de voir les pays industrialisés adopter une nouvelle approche commerciale avec le continent africain. “Nous espérons que ce sera là l'occasion pour les pays industrialisés d'amorcer, de concert avec les pays du Sud, une approche rénovée pour l'établissement d'un système commercial multilatéral plus ouvert sur les préoccupations du développement, notamment de l'Afrique”. Dans son intervention, M. Ahmed Ouyahia, a noté que cela est possible pour autant que soient approfondies et concrétisées des initiatives déjà entamées dans le cadre de la solidarité internationale. M. Abdelaziz Bouteflika, a donné des orientations pour réussir cette réforme. Tout d'abord, face aux barrières tarifaires ainsi qu'à la résurgence du protectionnisme qui réduisent l'accès des produits africains au marchés internationaux, une généralisation du traitement spécial différencié à l'ensemble des pays africains contribuerait sans aucun doute à leur insertion, dans de meilleures conditions dans le système économique mondial. En second lieu, pour donner un contenu réel à l'intégration du Sud dans le système multilatéral de commerce il y a lieu de ne pas astreindre les pays en développement, candidats à l'adhésion à l'OMC, à plus d'obligations que celles contractées par d'autres pays en développement déjà membres de cette organisation, afin que les engagements qu'il auront ainsi à souscrire ne soient pas handicapants pour leur développement économique et social. Troisièmement, la restructuration des institutions financières internationales qui est en gestation, doit intégrer pleinement la dimension du développement des pays du Sud, singulièrement des pays africains. Pour cela, les pays du Sud doivent être partie prenante à cette restructuration dont ils attendent notamment, une adaptation des procédures décisionnelles en vue d'une gestion plus efficace et plus solidaire de l'économie mondiale. Quatrièmement enfin, dans le cadre de la réforme des institutions internationales de développement dont la nécessité est désormais avérée pour tous, M. Abdelaziz Bouteflika, appelle au renforcement de leurs capacités à conjuguer les efforts et les moyens en vue de concrétiser les engagements de la communauté internationale envers le continent africains, dans le cadre de la solidarité internationale pour des partenariats mutuellement bénéfiques. L'Afrique analysée en six points Dans son message lu par l'ex-chef de gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, le président Abdelaziz Bouteflika analyse la situation actuelle de l'économie africaine. En six points, il explique la fragilité de cette économie et les facteurs qui contribuent directement ou indirectement à sa faiblesse. Dans ce message, il est noté qu'en premier lieu, alors que l'Afrique accroît son degré d'ouverture au commerce international et que les échanges mondiaux de biens et de services ont doublé de volume en dix ans, sa part dans les échanges mondiaux demeure marginale au regard de sa taille et de ses richesses, et plus préoccupant encore, cette part de l'Afrique a été divisée par deux en vingt cinq ans. En second lieu, si l'Afrique enregistre une diversification de plus en plus large de ses importations, ses exportations restent, par contre, concentrées sur les matières premières dont 60 % de combustibles. De tels flux commerciaux asymétriques entretiennent la fragilité des économies africaines, rendant plus ardues les perspectives de leur insertion dans l'économie internationale, surtout lorsque l'on sait le caractère aléatoire de la demande mondiale en matières premières. En troisième lieu, la mondialisation s'avère sélective pour l'Afrique, car elle privilégie la circulation des marchandises et accorde moins d'intérêt à la circulation des technologies ainsi qu'à celle des personnes, ce qui ne contribue guère à lever les obstacles au développement du continent qui africain. Le quatrième points soulevé est sur les flux d'investissements directs étrangers à destination du continent ne dépassent toujours pas 4% du total des IDE dans le monde. De plus les IDE en Afrique se concentrent, pour l'essentiel, dans les industries d'extraction de ressources primaires, privant ainsi trop souvent, les économies des continent des transferts de technologie. En outre, ce message évoque les restrictions à la mobilité des personnes et du travail au niveau des pays industrialisés qui forcent les pays africains à développer leurs ressources humaines et leurs compétences par leurs propres moyens. Cela prive le continent des avantages découlant d'une mobilité régulée de la force de travail. L'Afrique se trouve ainsi en marge de l'évolution des technologies et des savoir-faire qui façonnent aujourd'hui l'économie mondiale et sans lesquels, il ne peut y avoir de croissance ni de développement durables. En sixième lieu enfin, le président souligne que si l'aide publique au développement, source primordiale du financement de la croissance en Afrique, a connu une évolution appréciable en volume, une partie substantielle, a cependant, été réservée à l'allégement de la dette des pays bénéficiaires. De plus, cette aide reste marquée par l'instabilité et le manque de prévisibilité, rendant difficile la concrétisation des programmes de développement des pays africains concernés. Ali Rochdi