Une nouvelle étude sur la consommation de drogue en Algérie vient confirmer une réalité sociale désolante : «La consommation est en continuelle augmentation en Algérie et les mesures prises, notamment la création de l'office national de lutte contre la toxicomanie n'a pas réussi à endiguer le fléau.» C'est le Pr. Mostefa Khiati, président de la FOREM, qui l'a révélé dans une conférence de presse organisée au centre de presse d'El Moudjahid hier en matinée. Une rencontre qui a servi à faire le point sur la situation des drogues et toxicomanie en Algérie à travers une enquête effectuée par une vingtaine d'étudiants bénévoles qui ont travaillé sur la base d'un questionnaire international. 11 156 personnes ont été interrogées entre le 10 mars et le 31 mai 2010 dans les dix wilayas suivantes : Alger, Béjaïa, Tizi Ouzou, Msila, Chlef, Boumerdès, Biskra, El Oued, Ouargla et Bouira. Trois groupes ont été identifiés. 43% d'étudiants, 35% de travailleurs et 22% de chômeurs. Parmi eux, 65% sont de sexe masculin et 35% de sexe féminin. Ainsi, l'enquête révèle que 38% des personnes interrogées ont un proche qui consomme de la drogue, mais aussi que 37,71% ont déjà eu l'occasion d'en prendre ; dans le groupe des chômeurs, ils sont 55,58%, dans le groupe des étudiants, 33,77%. L'étude permet également de savoir que 70% des drogues consommées sont le cannabis et ses dérivés ; les étudiants, eux, optent particulièrement pour les antidépresseurs et équivalents. On apprend également que 31,4% de la population a eu l'occasion de prendre de l'alcool alors que 33% des étudiants en consomment, dont 13% sont des filles. A travers ces questions et bien d'autres posées aux personnes interrogées, les chercheurs de la FOREM ont établi un profil du consommateur de drogue comme suit : «L'abus de drogue n'est pas limité à une classe donnée, toutes les couches sociales en sont touchées et les petites villes sont autant concernées que les grandes métropoles.» La responsabilité des parents est établie, 42% de l'argent provient d'ailleurs des parents. En conclusion, l'enquête affirme que la consommation de drogue est en continuelle consommation dans notre pays. Elle constitue de plus en plus un dérivatif et touche une plus grande partie de jeunes et de femmes. La FOREM préconise à cet effet d'augmenter l'efficacité des services de lutte. Une lutte plus appropriée notamment à travers la révision de la loi de 2004. Elle préconise également l'arrêt de la médicalisation de la prise en charge et d'opter pour des communautés thérapeutiques. Une politique de communication et de sensibilisation orientée vers les jeunes et impérative a également été évoquée. F. B.