Le fléau de la drogue devient de plus en plus inquiétant, d'autant que les narcotrafiquants se lancent désormais dans la culture du cannabis et de l'opium dans certaines wilayas du pays Dans une déclaration faite à l'agence de presse nationale APS, le premier responsable de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, Abdelmalek Sayah, a révélé que pour le premier semestre 2008, 15 443,615 kilogrammes de résine de cannabis, 500 grammes d'herbe de cannabis, 54 678 comprimés de substances psychotropes, 982 gélules, 280 millilitres et 57 bouteilles de solutions psychotropes, ont été saisis. Le même interlocuteur affirme que “les services de lutte contre la drogue, (police, gendarmerie et douanes nationales), ont eu à élucider quelque 3 720 affaires dont 1 073 concernant le trafic et la commercialisation de la drogue. Quant à la détention et à l'usage de drogue, 2 629 dossiers ont été traités durant cette période : 2 508 concernent la détention et l'usage de résine de cannabis et d'opium, 116 concernant la détention et usage de substances psychotropes et enfin 18 dossiers relatifs à la culture de canabis et d'opium. Pour ce qui est des personnes impliquées dans ces affaires, le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie a indiqué que les investigations menées dans ce cadre par les services concernés ont abouti à l'interpellation de 5 641 individus qui se répartissent ainsi : 1 664 trafiquants, 3 505 usagers de résine de cannabis et d'opium, 266 trafiquants et 123 usagers de substances psychotropes, ainsi que 48 cultivateurs de cannabis et d'opium”, tient-il à préciser. Parmi les personnes interpellées, figurent 52 étrangers : 15 Maliens, 11 Nigérians, 6 Marocains, 4 Nigériens, 3 Camerounais, 1 Tunisien, 1 Ivoirien, 1 Français et 5 autres dont la nationalité n'a pas pu être établie. ? noter aussi que 189 individus impliqués dans ce genre de trafic font toujours l'objet de recherches. Abdelmalek Sayah a, par ailleurs, révélé le lancement prochain d'une enquête nationale sur le phénomène de la propagation de la drogue en Algérie. Cette étude qui débutera au mois d'avril 2009, permettra d'évaluer l'ampleur de ce phénomène dans un premier temps, avant d'élaborer ensuite une politique nationale globale de lutte contre ce fléau. Une enveloppe budgétaire de 20 millions de dinars a, d'ores et déjà, été allouée à cette enquête qui sera réalisée sur un échantillon de 20 000 ménages et touchera toutes les couches sociales pour mieux comprendre l'étendue de ce fléau. Basée sur un questionnaire individuel, cette étude a défini les tranches d'âge à cibler : 12 à 15 ans, 15 à 20 ans, 20 à 40 ans et plus de 40 ans. Commandée par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, cette étude sera menée par des experts en la matière qui établiront une véritable cartographie sur l'ampleur du phénomène et sur les drogues consommées. La connaissance des réalités du terrain est une condition essentielle en vue d'arrêter une politique de lutte contre la toxicomanie. Abdelmalek Sayah ne cache pas son inquiétude quant à la consommation de la drogue dans le milieu juvénile. “La consommation de la drogue s'est propagée de manière alarmante et a pris de l'ampleur en milieu juvénile en Algérie, ce qui nécessite la mobilisation de tous pour lutter contre ce fléau”, tient à affirmer le directeur de l'Office national de lutte contre la drogue. Il estime, que cette situation “aura forcément une influence négative sur l'économie nationale, le développement social, et la rentabilité intellectuelle. Si nous n'arrivons pas à éradiquer ce phénomène, nous aurons d'ici peu de temps, une jeunesse malade qui va influencer négativement sur le développement socioéconomique du pays”. Il évalue, par ailleurs, l'incidence de ce phénomène parmi les femmes, entre 4 et 5% constatée, notamment en milieu universitaire et dans les lycées. Il annonce aussi, la tenue prochaine d'un séminaire national à Alger sur les conséquences néfastes de la drogue sur le développement socioéconomique. Ce séminaire auquel prendront part plusieurs représentants d'organismes spécialisés dans la prévention contre la drogue, ainsi que des sociologues, des psychologues et des experts, permettra de mettre en place des mécanismes en vue de lutter contre ce fléau. Le même responsable s'inquiète enfin sur le nouveau phénomène qui commence à apparaître, à savoir la culture du cannabis et de l'opium dans certaines wilayas du pays, notamment à Adrar qualifiée de “ville idyllique des narcotrafiquants de part sa position géographique”. Si les pouvoirs publics ont décidé de créer voilà quelques années l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie et de nommer à sa tête un ex-procureur général, c'est justement eu égard à l'ampleur de ce fléau surtout parmi les jeunes. Il semble que ces mêmes pouvoirs publics comptent mener une véritable politique de lutte pour prémunir les jeunes et moins jeunes de la toxicomanie. Il est de notoriété publique qu'un toxicomane n'est pas productif et qu'il représente une charge pour la société. Bien entendu, toute politique se base sur des données chiffrées et l'enquête qui sera lancée en 2009 permettra de mieux cerner le problème pour lui trouver les solutions les plus indiquées. APS/ S. I.