Le chef de la Central Intelligence Agency (CIA) affirme que Téhéran dispose de suffisamment d'uranium enrichi «pour fabriquer deux armes» nucléaires. Leon Panetta soutient même que l'Iran pourrait posséder une arme atomique dans «deux ans». Encore une trouvaille des services de renseignements américains. Lorsque les Etats-Unis décident de s'engager dans ce qu'ils appellent une «guerre préventive», ils chargent la CIA de trouver «l'excuse». Un scénario émoussé aux conséquences désastreuses. Ça rappelle la fable du berger qui crie au loup pour ameuter le village. D'ailleurs, l'épilogue des deux derniers épisodes, sanglants et dramatiques, n'est pas encore connu. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, l'administration Bush avait exercé une grande pression sur la CIA afin de justifier l'invasion des deux pays ciblés au préalable et inscrits sur la liste de l'«axe du mal». L'agence de renseignements, qui n'avait pas découvert le complot contre les Etats-Unis lors des attentats terroristes, a très rapidement repéré des armes de destruction massive en Irak et la cache de Ben Laden en Afghanistan. Des informations qui ne seront jamais confirmées. Une coalition militaire internationale se forme. Les villageois partent au secours du berger, mais le loup n'y était pas. Ni en Irak, ni en Afghanistan. Plusieurs dizaines de milliers de morts plus tard, la guerre préventive contre les deux pays est devenue un bourbier dans lequel pataugent les Occidentaux. La «pacification» se mue en une spirale de violences. Devant ces «expériences» tragiques, comment doit-on interpréter les déclarations du chef de la CIA ? Sont-ce de nouvelles formes d'intimidations et de menaces adressées à un Iran qui ne cède pas devant celles de l'ONU ? L'histoire se répète de manière caricaturale, écrivait Grégoire Bouillet. Les Etats-Unis envisageraient-ils d'envahir Téhéran ? Devant la montée de la contestation anti-guerre, qui croît au rythme des cercueils de militaires rapatriés, et le désengagement graduel des membres de la coalition internationale, Obama peut-il ouvrir un nouveau front ? Rien n'est moins sûr. Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir posséder une arme atomique. Une appréhension que Téhéran écarte. Il assure que sa technologie nucléaire sert des fins pacifiques. L'Iran ne sera jamais cru. C'est donc sur des doutes et des rapports d'agences de renseignement -qui ont fait leurs preuves- qu'on menace le pays des Perses. Alors que, d'un autre côté, une entité qui se targue de posséder illégalement des centaines de têtes nucléaires n'est pas inquiétée. Le nucléaire israélien ne sera discuté (plutôt survolé) dans le Conseil de sécurité que le 9 juin dernier. L'arme atomique ne serait-elle destructrice que dans un sens précis !? Pour l'heure, la CIA ameute le village. A la fin de la fable, le loup pointe son nez, le berger appelle à l'aide, mais les villageois lassés, ne viennent pas… S. A.