Le Parti de la Nouvelle Politique (NPP), issu des rangs de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD) alias les «Chemises jaunes», a désigné, hier, Somsak Kosaisuk, ex-leader des «jaunes», afin de le mener aux législatives pour, si ce n'est les remporter, devenir pour le moins une force de blocage. Ainsi, le parti politique du mouvement royaliste thaïlandais affiche ses intentions de chasser sur les terres du Parti démocrate du Premier Ministre Abhisit Vejjajiva. Car, en entrant dans la course pour les élections prévues en 2011, le NPP, s'il ne s'allie pas avec son concurrent direct, le Parti démocrate, ne peut que grignoter sa base électorale, au risque de diviser les rangs au sein de la droite thaïlandaise, ce qui pourrait renforcer la position de ses adversaires, les «chemises rouges». «Nous allons discuter de la façon de devenir un véritable parti de masse, comment gagner notre place dans la politique thaïlandaise ainsi que de notre stratégie pour les prochaines élections», a expliqué le secrétaire général Suriyasai Katasila. Les «jaunes» se disent protecteurs de la monarchie et du roi, Bhumibol Adulyadej, 82 ans dont 64 ans de règne. Ils avaient organisé des manifestations colossales contre l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra en 2006, juste avant sa chute lors d'un coup d'Etat militaire. Ils avaient aussi poussé un gouvernement pro-Thaksin à quitter le pouvoir fin 2008, conduisant à la désignation de l'actuel chef du gouvernement, Abhisit Vejjajiva, après avoir organisé le blocus des aéroports de Bangkok pendant neuf jours. La Thaïlande sort à peine de deux mois de manifestations organisées par les «Chemises rouges», dont beaucoup soutiennent Thaksin, et qui réclament la démission d'Abhisit. «rouges» et «jaunes» ont investi la rue par intermittence depuis le milieu des années 2000, symboles de la forte fracture qui divise la société entre, d'un côté, masses rurales du Nord et du Nord-Est et ouvriers qui constituent le gros des troupes des chemises rouges et élites issues de la bourgeoisie de la capitale de l'autre. Pendant la crise du printemps, les «jaunes» avaient lancé un ultimatum au gouvernement pour qu'il mette fin à l'occupation de Bangkok par leurs adversaires. Le mouvement était ensuite resté plutôt discret, même si ses milices ont aidé l'armée à déloger par la force des armes les manifestants qui tenaient les barricades dressées par les «chemises rouges» en plein cœur de Bangkok. Les affrontements avaient fait près de 90 morts, et1 900 blessés. R. C.