Passé tout près de la première demi-finale africaine dans un Mondial, le Ghana a validé par sa présence en quarts de finale une politique cohérente menée depuis plusieurs années et qui permet d'espérer de plus beaux lendemains encore. Si les Black Stars ont rejoint au panthéon du football africain le Cameroun de 1990 et le Sénégal de 2002, quart de finalistes avant eux, ils ont fait passer l'idée d'une progression inéluctable, quand leurs prédécesseurs dépendaient plus d'une génération d'exception arrivée à maturité (Omam-Biyik, Nkono, Kundé, Mfedé) sublimée par Roger Milla, ou réussissaient un coup d'éclat sans lendemain, le Sénégal n'ayant jamais confirmé son année 2002. Le Ghana semble lancé, lui dans une irrésistible ascension. En Coupe d'Afrique des nations, il fut demi-finaliste en 2008, à domicile, et finaliste en février dernier avec pourtant une équipe amputée de ses stars, Michael Essien, déjà blessé et qui n'a pas guéri pour le Mondial, et Sulley Ali Muntari, déjà boudeur et sanctionné par le sélectionneur. En Coupe du monde, le Ghana est sorti deux fois d'affilée de la phase de poules, ce que seul le Nigeria (1994 et 1998) avait réalisé au nom du continent noir. Les Super Eagles n'ont jamais retrouvé ce niveau, ne prenant qu'un point en Afrique du Sud, les Black Stars, eux, ont déjà fait mieux en atteignant les quarts de finale. La réussite du Ghana vient entre autres de la politique chez les jeunes: le Ghana a connu la consécration en 2009 en décrochant le titre de champion du monde des moins de 20 ans. Autre signe de la politique réfléchie menée par la Fédération (GFA), les meilleurs éléments des jeunes champions du monde ont été incorporés doucement à l'équipe première, profitant de la CAN 2010 en Angola pour s'aguerrir, à l'image d'Andre Ayew, capitaine des moins de 20 ans, qui a crevé l'écran en Afrique du Sud, et qui a beaucoup manqué contre l'Uruguay, où il était suspendu. Ce management sportif sur le long terme a porté ses fruits. Quand la Côte d'Ivoire se séparait de Vahid Halilhodzic après sa première défaite en 24 matchs, un quart de finale de CAN perdu en prolongation contre l'Algérie (2-3 a.p.), s'asseyant sur 20 mois de travail du Bosniaque en vue du Mondial, le Ghana a toujours maintenu sa confiance en son sélectionneur inconnu, Milovan Rajevac. Une continuité qui porte ses fruits, et dont avaient déjà bénéficié les prédécesseurs du Serbe, son compatriote Ratomir Dujkovic (2004-2006), et le Français Claude Le Roy (2006-2008). Pendant ce temps-là, le Nigeria qui vient de retirer pendant deux ans son équipe nationale pour mauvais résultats, licenciait Shaibu Amodu, qui avait pourtant qualifié les Super Eagles pour le Mondial et terminé troisième de la CAN...