L'espace d'un tir au but, le Ghana a frôlé l'exploit de devenir la première équipe africaine à se qualifier aux demi-finales. Gyan Asamoah, l'adulé de tout un peuple, a manqué un penalty qui a fait rêver tout le continent noir. Toutefois, malgré cette élimination, les Black Stars rejoignent au panthéon le Cameroun et le Sénégal, les seuls à avoir atteint les quarts de finale. Le seul représentant africain à ce stade de la compétition au pays de Nelson-Mandela est passé à côté d'un rendez-vous historique pour un penalty manqué par Gyan à la 120e minute contre l'Uruguay (1-1, 4-2 t.a.b.), laissant le champion du monde 1930 et 1950 raviver ses vieux souvenirs. John Mensah, le capitaine, excellent sur le terrain, et le jeune espoir Dominic Adiyiah ont aussi fait pleurer l'Afrique, comme Gyan, en voyant Fernando Muslera stopper leurs tirs au but. Le continent ne verra pas un de ses représentants dans le dernier carré, pour la première fois qu'il accueillait la Coupe du monde, et c'est l'Uruguay qui défiera les Pays-Bas mardi au Cap pour une place en finale... La dernière fois que l'Uruguay a joué une demi-finale de Coupe du monde, il a été battu par le Brésil de Pelé (3-1 en 1970). La Celeste doit ce saut dans la machine à remonter le temps à Diego Forlan, auteur d'un coup franc direct somptueux alors que son équipe était menée (55'), et à son gardien Muslera. Le Ghana n'a pas fait mieux que le Cameroun (1990) et le Sénégal (2002), eux aussi quart de finalistes, battus par l'Angleterre (2-3 a.p.) pour les Lions Indomptables, et par la Turquie (1-0 but en or) pour ceux de la Teranga. Surtout, les Black Stars n'ont pas rempli la lourde mission dont ils étaient investis : atteindre au nom de l'Afrique le dernier carré, pour la première Coupe du monde organisée sur le continent. L'arrière-droit John Pantsil avait solennisé le match en se posant longuement en prière au moment d'entrer sur la pelouse pour l'échauffement, les bras levés vers le ciel, mais les Dieux sont restés sourds. Sulley Ali Muntari avait pourtant donné l'avantage au Ghana, d'une frappe logée le long du poteau juste avant la pause (45'+2). Banni de la Coupe d'Afrique en début d'année pour indiscipline, Muntari, qui s'est encore disputé avec son coach pendant le Mondial, trouvait là une rédemption comme en offre quelquefois la Coupe du monde. Sa frappe a fait bouillir la calebasse géante de Soweto, qui avait pris fait et cause pour la dernière équipe du continent encore en course. Mais Forlan a remis les équipes à égalité. La Celeste s'est d'ailleurs créé plus d'occasions. Luis Suarez s'ouvrait ainsi beaucoup de brèches mais manquait de précision, notamment en gâchant un quatre contre trois en frappant au-dessus (81). Mensah, le défenseur central et capitaine, a livré un très beau duel à Forlan, mais ne pouvait pas l'empêcher de marquer sur coup franc son troisième but de la compétition. Le Ghana a eu deux périodes de domination, d'abord le dernier quart d'heure de la première période, grâce notamment à Kevin Prince Boateng, virevoltant (retourné acrobatique manqué, 45). Puis les Black Stars ont fini plus fort la prolongation, quand Gyan chipait un ballon dans la surface mais butait sur Andres Scotti (98), ou sur une tête juste au-dessus de Kevin Prince Boateng (118), avant que Suarez repousse de la main sur sa ligne une nouvelle tête ghanéenne. L'Uruguayen était expulsé et Gyan envoyait le penalty sur la barre... Le Ghana n'a pas fini de se repasser ces penaltys dans la tête... Les dieux du football n'étaient donc pas avec le Ghana qui quitte le Mondial la tête haute après une excellente prestation, égalant au passage les performances du Cameroun (1990) et du Sénégal (2002), les deux nations africaines ayant atteint les quarts de finale d'une Coupe du Monde. En revanche, l'Uruguay retrouve les demi-finales, quarante ans après celle disputée au Mondial 1970 au Mexique. En demi-finale, les Hommes d'Oscar Tabarez affronteront mardi prochain à Cape Town à 19h 30 les Pays-Bas, tombeurs du Brésil (2-1) dans l'autre quart de finale.