Cruelle désillusion pour le Ghana, battu par l'Uruguay, vendredi dernier en quarts de finale de la Coupe du monde. La Céleste, refermée sur elle-même, décroche son billet pour le dernier carré au terme d'une épique séance des tirs au but (4-2). Le talent des individualités des Blacks Baby Starlettes conjugué à l'assise collective de l'équipe ont, au tout début et jusqu'à la fatidique épreuve des tirs au but, pesé lourd devant l'absence d'application des Uruguayens, fatigués par l'effort fourni devant un adversaire jeune et coriace. Forte d'un effectif riche mais pas au grand complet et ayant le moral au beau fixe, l'équipe africaine semblait fin prête pour livrer un duel épique face à son adversaire. Hélas ! Les supporters se sont fait beaucoup d'illusions et ont dû, au fil de la rencontre, se rendre à l'évidence et réaliser que les Ghanéens avaient affaire à plus expérimenté et audacieux qu'eux. En effet, après avoir fait illusion pendant les cent dix-huit minutes de jeu, avec un pressing constant, une bonne circulation du ballon et des centres menaçants couronnés par un penalty qui aurait définitivement assis leur suprématie, les Ghanéens ont rapidement versé dans l'euphorie excessive et l'emballement injustifié. Gyan, pourtant fort et riche en expérience, rata la sentence, plongeant l'Afrique dans un silence de cathédrale. Et deux minutes plus tard, le destin uruguayen débutait, grâce au but-exhibition uruguayen qui allait montrer la voie à ses coéquipiers tout aussi talentueux et opportunistes que le premier. L'effondrement rapide des Baghana-Baghana est à chercher aussi dans la manière dont ils ont appréhendé le match, après les cent vingt minutes de jeu. En effet, la bonne organisation du début a cédé la place à la confusion. La défense a «lâché» Suarez après l'avoir tenu en respect, Paintsil a perdu le contrôle de son couloir gauche, John Mensah a déserté (encore une fois) sa ligne médiane et Vorsah a baissé tôt les bras et s'est contenté de regarder faire. Bref, les trois compartiments de jeu, sous le poids de l'enjeu et de la valeur intrinsèque du leader, se sont lézardés et ont laissé entrevoir des failles et des lacunes évidentes. Milovan Rajevac, le Serbe du Ghana a eu beau tenter d'y remédier par les changements de joueurs et d'options tactiques, mais rien n'y fit. Les protégés de l'Uruguayen Tabarez s'accrochaient avec pugnacité à leur précieux match nul. Pourtant, de l'avis même du coach uruguayen, ses protégés étaient incapables de tenir le rythme imposé par les Ghanéens, après leur but d'égalisation, et de résister à leurs assauts rageurs jusqu'au bout. Car, une fois la sérénité mentale altérée, le relâchement et la confusion prennent, selon lui, le dessus et empêchent toute réaction efficace. Dans le camp adverse, on avait toutes les cartes en règle pour obtenir un franc succès et remporter une victoire sans bavure pour entrer de plain-pied dans l'histoire du Mondial : une équipe à fière allure et constellée de joueurs de talent et capables de porter l'estocade à n'importe quelle autre équipe, quel que soit son statut et quelles que soient ses potentialités et ses prétentions. Au-delà de la réussite manifeste des «Sang et Or», il faut signaler que ces derniers ont fait prévaloir leur mobilité et leur aisance manœuvrière habituelles, grâce à leur suprématie dans les duels et leur combativité. Dommage ! La Celeste affrontera les Pays-Bas en demifinales alors les Black Stars manquent l'occasion de devenir le premier pays africain à atteindre ce stade. Y. B.