La visite éclair de Hosni Moubarak en Algérie, sous le couvert de compassion et de présentation de condoléances à M. Bouteflika suite au décès de son frère, cache, en fait tout le monde l'aura compris, une volonté du chef de l'Etat égyptien d'en découdre avec le froid dans les relations entre les deux pays. D'ailleurs, la réaction de la classe politique égyptienne l'a clairement exprimé. Pouvoir comme opposition se sont accordés pour applaudir le court voyage de Moubarak, estimant qu'il n'était plus possible que le pays des pharaons fasse les frais de turpitudes de fanatiques. Poussés et encouragés, faut-il le souligner, par un pouvoir qui s'est mis à l'ombre pour mieux téléguider les agressions et, par là même, préparer son opinion sur le plan politique. Mais le fait est que les actes commis et les atteintes successives aux valeurs nationales et au drapeau porté à bout de bras par plus d'un million de martyrs et 35 millions d'Algériens, à l'occasion des compétitions footballistiques, restent impardonnables tant que les auteurs ne seront pas poursuivis. Hosni Moubarak n'a, certes, pas manqué de reprendre langue avec son homologue, partant de discours démagogique, repris à son compte par le ministre des Affaires étrangères Abou El Gheit, selon lequel les peuples algérien et égyptien sont frères, liés par la même langue, la même religion et qu'il ne saurait y avoir d'autre solution que de renforcer ces liens. Qu'à cela ne tienne ! Toutefois, les professions de foi et les discours pour la consommation extérieure ne suffisent pas. Il faudra les concrétiser. D'abord, en levant le monopole égyptien sur les différentes institutions de la Ligue arabe et en acceptant le principe de direction tournante dans les unions arabes telles que celle des avocats, des médecins et autres. Et même dans la Ligue arabe elle-même, dont la gestion est depuis longtemps entre les mains de l'Egypte. Idem pour ce qui est des institutions footballistiques, à l'image de la CAF qui semble être héritée de père en fils. Parce qu'il ne faut pas cacher que les véritables détenteurs de décision au sein de cette institution sportive dirigée par Hayatou sont des Egyptiens. En somme, il est important pour que les relations redeviennent comme avant -même si, pour les citoyens algériens, rien ne sera plus jamais comme avant- de faire des pas concrets. Cela en plus des excuses publiques et officielles à l'endroit d'un peuple atteint dans son amour-propre et des poursuites judiciaires contre les auteurs de la profanation des couleurs nationales. Un crime qui ne saurait rester impuni. On discutera alors des liens qui nous unissent et des relations futures. Il n'y a pas entre les pays de la fraternité et de l'amitié. Il n'y a que des intérêts. F. A.