Photo : APS Par Amar Rafa Le président égyptien Hosni Moubarak est arrivé hier matin à Alger pour une visite «amicale et de courtoisie» d'une journée. Il a été accueilli par son homologue Abdelaziz Bouteflika, a rapporté l'APS. Les deux présidents ont eu un tête-à-tête à la résidence d'Etat de Zéralda. Dans une déclaration à la presse au terme des entretiens, Hosni Moubarak a indiqué avoir évoqué avec le président Bouteflika les relations arabo-africaines, l'élargissement du Conseil de sécurité et toutes les questions intéressant l'Algérie et l'Egypte en tant qu'Etats arabes et africains. Moubarak, qui était accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, devait présenter ses condoléances à M. Bouteflika suite au décès de son frère Mustapha, survenu vendredi, selon une source officielle égyptienne. «Je pense que la rencontre prévue aujourd'hui entre les présidents Bouteflika et Moubarak et leur précédente rencontre à Nice [au sommet Afrique-France du 1er juin, ndlr] viennent confirmer la ferme volonté des deux Présidents, peuples, et gouvernements et des deux Etats de poursuivre l'édification d'une relation forte pour la défense des droits arabes et la préservation de la sécurité de la région», a déclaré M. Gheit à son arrivée, cité par APS. «L'Algérie et l'Egypte sont deux pays frères et n'ont cessé d'œuvrer ensemble depuis une soixantaine d'années», a-t-il rappelé, soulignant que «c'est une visite amicale et de courtoisie». M. Gheit s'est entretenu ensuite avec son homologue algérien Mourad Medelci. Cette visite non officielle du président Moubarak est la première du genre depuis le froid ayant caractérisé les relations entre les deux pays suite au caillassage du bus de l'équipe nationale algérienne au Caire, en novembre 2009. Cela avait été suivi d'une campagne haineuse menée par les médias égyptiens au lendemain de la qualification des Verts pour le Mondial sud-africain. Un sujet qu'avait instrumentalisé le pouvoir égyptien pour préparer la succession de Moubarak, son mandat venant à échéance en 2011, mais aussi pour cacher le marasme économique et syndical sur le plan interne. Le saccage des locaux d'Egypt Air et de ceux d'un opérateur de téléphonie mobile par des supporters indignés était le subterfuge bien trouvé pour s'en prendre aux symboles et à l'histoire de l'Algérie. Même l'appareil diplomatique égyptien avait été mis à contribution, dans une tentative d'isoler le pays, en rappelant l'ambassadeur à Alger. Pourtant, l'Algérie avait évité d'entrer dans la polémique. Elle avait tout fait pour calmer les esprits en adoptant le silence face aux provocations égyptiennes. Sur le plan économique, elle n'a rien fait pour inciter les entreprises égyptiennes à quitter le pays, elles l'ont fait d'elles-mêmes. La présence du raïs égyptien hier à Alger signifie, pour nombre d'observateurs, une volonté de tourner la page entre les deux pays et d'éviter à son pays des pertes économiques suite aux ruptures de contrats et un manque à gagner qu'engrangeraient les produits égyptiens dans un marché aussi ouvert que celui de l'Algérie. En outre, le déplacement de Moubarak à la veille d'un 5 juillet sonne comme une volonté sincère de demander pardon au peuple algérien offensé dans ses symboles, et de clouer le bec aux voix belliqueuses dans son pays. En décembre dernier, Moubarak avait déjà tenté de calmer certains esprits surchauffés en Egypte en disant que «la profondeur des relations entre les deux pays ne sera pas entamée par certains événements passagers». D'autres observateurs diront que la rencontre entre Moubarak et Bouteflika fin mai 2010 lors du sommet Afrique-France à Nice était le prélude à une normalisation entre les deux pays que beaucoup de choses rapprochent.