Un nouveau vaccin contre la méningite, tout récemment approuvé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), est en passe de révolutionner la façon dont les médecins luttent contre cette maladie en Afrique où elle a fait plus de 4 000 morts l'année dernière. Les pays riches vaccinent depuis longtemps contre la méningite, mais jusqu'à présent, les pays en développement n'immunisaient leurs habitants qu'en situation d'urgence, lorsque l'épidémie avait déjà commencé. «Avec ce nouveau vaccin, nous serons capables d'anticiper afin d'éviter que la maladie ne se déclare», souligne Daniel Berman, directeur adjoint de la campagne Médecins sans frontières (MSF) pour l'accès aux médicaments essentiels. «C'est très proche d'une révolution en ce qui concerne le contrôle de la méningite.» Plus de 20 pays de l'Afrique subsaharienne, du Sénégal à l'Ethiopie, sont touchés par cette maladie. L'année dernière, environ 80 000 cas ont été recensés, dont plus de 4 000 mortels. Le nouveau vaccin cible la méningite A, à l'origine de plus de 90% des cas en Afrique. En juin, l'OMS a vérifié que ce vaccin répondait à ses critères de qualité. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et d'autres agences peuvent donc acheter ce nouveau vaccin, qui coûte environ 40 cents l'injection (30 centimes d'euros). Très contagieuse, la méningite se transmet par les éternuements ou la toux. Elle se traduit par une rigidité dans la nuque, de fortes fièvres, des maux de tête et des vomissements. Même lorsqu'elle est traitée tôt, elle peut tuer jusqu'à 10% des patients en deux jours. Environ 20% des rescapés ont des séquelles à long terme, notamment cérébrales ou auditives. Le nouveau vaccin est le produit d'un partenariat entamé en 2001 entre l'OMS, le Serum Institute en Inde et PATH, une organisation internationale financée par la Fondation Bill & Melinda Gates. Il va d'abord être déployé dans les trois pays les plus touchés : le Burkina Faso, le Mali et le Niger. L'objectif est de vacciner au moins 80 à 90% de la population. Avec un tel taux de personnes immunisées, même celles qui n'ont pas reçu l'injection devraient être protégées. «Personne ne peut prédire l'impact exact que cela aura», note le Dr William Perea, un expert de l'OMS sur la méningite. «Mais lorsque nous aurons réussi à couvrir toute la région, la méningite sera probablement de l'histoire ancienne.»