La polémique qui enfle en Algérie sur la dangerosité du nouveau vaccin contre la grippe porcine fait réagir le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Hier, son directeur de la Prévention, le Pr Mesbah Ismaïl, a assuré sur les ondes de la chaîne III -qu'aucun effet secondaire grave de la vaccination n'a été enregistré à travers le territoire national- depuis le lancement de la campagne de vaccination le 31 décembre dernier. Pour le directeur de la Prévention, le nouveau vaccin fabriqué par un laboratoire canadien est sûr et ne comporte aucune substance toxique pouvant provoquer de graves réactions allergiques. «C'est le seul vaccin pré-qualifié par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il a été homologué le 21 octobre dernier dans son pays d'origine, à savoir le Canada. Nous avons également soumis ce vaccin à des contrôles par les laboratoires de l'Institut Pasteur et le Centre national de Toxicologie», affirme le Pr Mesbah. Voulant verser dans plus de détails, il a précisé que les composants de ce vaccin sont des substances utilisées depuis plus de 40 ans et autorisés par l'OMS. Le vaccin comporte un principe actif dénommé «antigène». C'est cet élément qui va induire une réponse immunitaire capable de protéger l'individu contre l'infection naturelle ou d'en atténuer significativement les conséquences. Il contient aussi des adjuvants qui stimulent la réaction immunitaire induite par les vaccins et un conservateur (Thiomersal) ou sel de mercure qui évitent le risque infectieux. «Aujourd'hui, nous avons du recul sur les effets indésirables de ce vaccin», affirme le Pr Mesbah. Il a estimé que la vaccination reste la meilleure arme pour lutter contre cette maladie. A ce propos, il signale que le nouveau vaccin peut provoquer des effets indésirables aux personnes allergiques aux œufs ou ceux ayant développé auparavant des réactions allergiques à un vaccin contre la grippe saisonnière. Aussi, il a été décidé de soumettre toutes les personnes qui se présentent pour une vaccination à un examen médical spécifique pour détecter les personnes vulnérables. Questionné sur le cas de la jeune femme médecin décédée à Sétif après son immunisation contre la grippe A, le Pr Mesbah a déclaré que les résultats de l'autopsie ne sont pas encore disponibles. «Les résultats des analyses sont imminents», soutient-t-il. Le directeur de la Prévention a tenu à assurer que le vaccin ne comporte aucun risque pour les femmes enceintes. Il a recommandé à cette catégorie, notamment les femmes enceintes de plus de 20 semaines, de se vacciner le plus tôt possible contre le virus de la grippe A. Il a avoué toutefois que la première évaluation d'une semaine de vaccination a montré des «résultats moyens». Interrogé sur le risque de «gaspillage» de 20 millions de doses de vaccins qui ne seront peut-être jamais utilisés par les Algériens, le directeur de la Prévention rétorque :«la vaccination contre la grippe A n'est pas un gaspillage, c'est une chance pour nos concitoyens de se prémunir contre les risques de cette maladie». Il a ajouté que les médecins ne doivent pas déconseiller aux femmes enceintes de se faire vacciner. La vaccination des femmes enceintes contre la grippe A/H1N1 a démarré mardi dans les différentes structures de santé du pays. Plus de 650.000 femmes enceintes sur un total de 850.000 sont concernées. Pour ces deux premières journées, les femmes enceintes ne se bousculent pas dans les centres de vaccination. La femme enceinte reste la plus exposée au virus de la grippe A/H1N1 en raison de son état et de la vulnérabilité de son système immunitaire. Son infection par ce virus l'expose à deux risques, une difficulté respiratoire sévère et dans certains cas, le décès. La grippe porcine a déjà causé la mort à 11 femmes enceintes, parmi les 47 décès en Algérie. 42 femmes enceintes ont contracté le virus A/H1N1 sur les 746 cas de grippe porcine confirmés en Algérie. Selon des études récentes, par rapport à la population en général, les femmes enceintes infectées courent un risque 10 fois plus élevé de devoir être hospitalisées en unité de soins intensifs et 7 à 10% des cas hospitalisés sont des femmes au deuxième ou au troisième trimestre de la grossesse.