Les prix du pétrole ne cessent de connaître des volatilités ces derniers temps. Pour les experts, l'instabilité des prix de l'or noir est due, en plus de problématique de l'offre et de la demande, à la fermeture, qui durera quinze jours, de l'oléoduc pétrolier Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), touché mardi dernier par un incendie, suite à une explosion sur un tronçon situé dans l'est de la Turquie. Ainsi, jeudi dernier vers 13h05 GMT, le baril de «light sweet crude» pour livraison en septembre valait 120,71 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), soit une hausse de 2,13 dollars par rapport à son cours de clôture la veille. «La fermeture d'un oléoduc exploité par BP est derrière ce rebond des prix», ont fait savoir les analystes américains. «C'est beaucoup de pétrole qui va manquer à l'appel, et, vu le contexte actuel, cette interruption va freiner la baisse des prix constatée depuis plusieurs séances», a ajouté un responsable du BTC. Autre motif de tensions sur les marchés pétroliers, en plus de la fermeture de l'oléoduc, qui, pour rappel, a été inauguré en 2006, acheminant l'équivalent d'un million de barils par jour de la mer Caspienne jusqu'au terminal turc de Ceyhan, à destination des marchés occidentaux, la crise iranienne. En effet, les six pays impliqués dans les discussions sur le programme nucléaire iranien avaient envisagé mercredi dernier de nouvelles sanctions contre l'Iran, en l'absence de «réponse claire» de Téhéran sur l'offre de coopération internationale. En revanche, l'Iran, quatrième producteur mondial d'or noir, a menacé de fermer le détroit d'Ormuz par où transite environ 40% du pétrole mondial si ses intérêts étaient en jeu. Les prix du pétrole, comme l'a récemment souligné l'actuel président de l'OPEP, sont indexés à la valeur du billet vert par rapport à l'euro. De ce fait, les prix de l'or noir, ces derniers jours, ont été «soutenus» par un billet vert qui «teste à nouveau des seuils de résistance face à l'euro» comme l'ont expliqué certains experts. Cependant, quoique ces prix enregistrent actuellement une courbe légèrement croissante, la tendance est à la baisse, analysent les experts. En effet, la valeur du baril est à présent loin de son record historique du 11 juillet dernier, une date durant laquelle il a été affiché à 147,50 dollars à Londres et 147,27 à New York. Par ailleurs, selon une étude réalisée par l'institut de recherche britannique Chatham House, publiée juste hier, le prix du baril de pétrole pourrait toucher 200 dollars dans les cinq à dix ans à venir. Cette prévision est toutefois conditionnée par l'état des investissements dans le secteur des hydrocarbures. Autrement dit, si l'investissement dans ce secteur reste faible et que la demande ne s'atténue pas, les prix pourraient enregistrer une envolée spectaculaire. «Le monde va connaître une sérieuse crise de l'offre pétrolière due à un investissement inadapté dans le secteur pétrolier au cours des années 1990», fait remarquer un expert de cet institut. Pour la même source, «certains gouvernements privent leur compagnie nationale pétrolière de fonds destinés à l'investissement». Pour éviter une pareille crise, le rapport préconise notamment de faire un bon accueil aux fonds souverains qui veulent investir dans le secteur et de faire participer l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) aux mécanismes. «Cette crise de l'offre pourrait apparaître aux environs de 2013, entraînant rapidement une forte hausse des prix, peut-être jusqu'à 200 dollars», estime-t-il. S. B.