Des pourcentages en hausse pour les examens de 6ème et du BEM. Des taux record de réussite au bac 2010. Et en plus, les futurs étudiants trouveront place dans les universités, écoles et instituts, dans les meilleures conditions d'accueil et d'inscription, c'est du moins la conviction du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, qui a assuré que les infrastructures seront suffisantes, autant pour les places pédagogiques que pour les services, la restauration, l'hébergement et le transport. Mais les assurances du ministre ne sont pas étayées par des chiffres précis, même si, en faisant parler les statistiques, on peut leur faire dire ce qu'on veut, comme c'est souvent le cas. Le meilleur exemple est d'ailleurs donné par ces taux de réussite aux examens scolaires qui permettent au ministre de l'Education de pavoiser en affirmant, à qui veut bien le croire, que l'enseignement en Algérie enregistre, sur tous les plans, des avancées on ne peut plus appréciables. En fait d'évolutions, les seules qu'on ait réellement réalisées sont ces fameux taux qui ne disent rien d'autre que le nombre de reçus. Mais aucunement que le niveau de l'enseignement est de plus en plus bas, alors que le nombre de nouveaux élèves est, lui, en augmentation. Il est donc normal d'avoir en bout de chaîne autant de «réussite», qui n'est en réalité que le résultat de l'échec de notre politique de l'éducation et de notre école. Après l'école, l'aventure continue à l'université pour ceux qui ont leur bac. Le reste devra se chercher d'autres débouchés. En fait d'aventure, c'est plutôt une mésaventure qui commence avec les inscriptions, lesquelles apportent, chaque année, leur gros lot de recours et de problèmes. La suite n'est pas plus reluisante, n'en déplaise au ministre. Car, l'université algérienne souffre des mêmes maux que l'école : surnombre, manque d'équipements, faiblesse de l'encadrement, baisse du niveau… M. Harraoubia en a d'ailleurs reconnu implicitement les déficiences en affirmant, jeudi dernier à Biskra, que les efforts se poursuivent dans le sens de l'investissement dans les ressources humaines pour atteindre les normes de qualité en matière d'enseignement supérieur, ce sera même «le credo de la prochaine rentrée universitaire», dira-t-il. Car l'amélioration de la qualité de l'enseignement et le développement de l'université sont tributaires «de la bonne prise en charge des ressources humaines», soutient, à juste titre, le ministre. En effet, investir dans l'homme est la meilleure des politiques. Mais cet investissement ne commence pas à l'université qui n'est qu'un maillon dans la chaîne de fabrication du citoyen de demain. L'investissement est engagé dès la première année scolaire et se poursuit jusqu'à la fin du cursus universitaire. Investir pour avoir une université performante avec une école défaillante ne serait rien d'autre qu'un investissement à perte. La hausse du niveau doit être globale et générale. Et ce n'est pas avec des chiffres qu'elle se fera, mais avec une politique prospective bien réfléchie dont l'élaboration doit impliquer des pédagogues et des spécialistes, non des politiques qui, soucieux d'équilibres, sont prêts à négocier même les programmes scolaires. H. G.