Le groupe sunnite extrémiste Joundallah a revendiqué le double attentat suicide de jeudi dans le sud-est de l'Iran, qui a fait au moins 27 morts et des centaines de blessés. Le mouvement a affirmé vouloir frapper les gardiens de la révolution. L'attaque sanglante a eu lieu près d'une mosquée de Zahedan, chef-lieu de la province du Sistan-Balouchistan, zone où le Joundallah mène une rébellion depuis dix ans contre le pouvoir central. Joundallah a déclaré avoir agi en vengeance à l'exécution de son chef, Abdolmalek Righi, pendu le 20 juin dernier. Il avait été capturé en février lors d'une spectaculaire opération de détournement vers un aéroport iranien d'un vol international à bord duquel il se rendait des Emirats arabes unis au Kirghizstan. Le groupe avait promis de venger sa mort. Les attaques de jeudi se sont produites alors que de nombreux fidèles célébraient l'anniversaire de l'imam Hussein à la mosquée Jamia, à Zahedan. Selon les autorités iraniennes, plus de 300 personnes avaient été blessées en plus des morts. Le vice-ministre de l'Intérieur Ali Abdollahi fait état de plusieurs gardiens de la révolution, qui gardaient l'édifice, parmi les morts et les blessés. Des images de la mosquée, dont les murs étaient recouverts de sang et de chair, tournaient en boucle dans les télévisions iraniennes. Les fenêtres des bâtiments avoisinants ont volé en éclats du fait des déflagrations. Le responsable du bureau politique des gardiens de la révolution, Yadollah Javani, a fait état d'une implication possible des puissances occidentales, dont les Etats-Unis, dans ces attentats. Les réactions internationales ne se sont pas fait longtemps attendre. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a qualifié ces attaques d'«horribles» et lancé un appel à la poursuite des responsables. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton s'est dit, elle, «choquée», condamnant «des attentats terroristes lâches qui n'ont aucune justification». Le dernier attentat revendiqué par Joundallah, en octobre 2009, avait fait 42 morts, dont plusieurs Pasdarans à Pishin, localité proche de la frontière pakistanaise. Les rebelles du Joundallah sont des sunnites appartenant à l'ethnie baloutche. Ils représentent une importante part de la population de la province du Sistan-Balouchistan. Le Joundallah, appelé aussi Mouvement de la résistance du peuple iranien, a été créé en 2000 et affirme lutter pour les droits de la minorité sunnite en Iran, où 90% de la population est d'obédience musulmane chiite, et contre la «discrimination à l'égard du peuple balouche.» Téhéran accuse le Joundallah d'être entraîné et équipé par les services de renseignement américains, israéliens, britanniques, mais aussi pakistanais. Pour Téhéran, l'objectif de ce mouvement est de déstabiliser le pouvoir central iranien. M. B.