Photo : Riad Par Karima Mokrani L'éradication de l'habitat précaire se poursuit à Alger. Jeudi dernier, à la ferme Bakour au quartier Saïd-Hamdine, dans la commune de Bir Mourad Raïs, transformée en bidonville abritant 39 familles, les représentants des autorités publiques se sont présentés tôt le matin pour superviser une opération de relogement. Ils ont mobilisé des camions, des bus et des ouvriers manutentionnaires pour les besoins de l'opération pour répartir les familles entre quatre sites : 12 à Saouala, 13 à Birtouta, 2 à Bir Khadem et 22 à Aïn Naadja. Demain dimanche, et lundi, deux autres opérations sont programmées au niveau des deux communes de Oued Koreich et Bab Ezzouar. Elles concerneront 316 familles à Diar El Kef, 195 à Fontaine fraîche, 229 au quartier Boucheraye et 270 à Bab Ezzouar. Ce qui fait un total de 1 049 familles. D'autres opérations vont suivre durant le mois de Ramadhan. Les responsables de la wilaya d'Alger et ceux du ministère de l'Habitat, conformément aux directives du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, se sont engagés à éradiquer le phénomène de manière définitive durant les prochaines années. Ainsi se termine le cauchemar de nombreuses familles ayant élu domicile dans des baraques et des habitations de fortune, des années durant, supportant les aléas du climat et de l'environnement. Désormais, elles s'installent dans des habitations neuves et profitent des avantages d'un chez-soi agréable où elles trouvent toutes les commodités. C'est la délivrance surtout pour les enfants et les adolescents qui n'auront plus à focaliser leur attention sur ce chemin qui mène droit vers la délinquance, la toxicomanie et toutes les dérives. Certes, ce ne sont pas toutes les familles qui en sont satisfaites. Il y a toujours à dire sur la superficie du logement, sa position par rapport au soleil, le site où il se trouve. Pis, beaucoup de familles réclament un appartement pour chaque fils marié, parfois même aux beaux-fils, venus d'ailleurs. Cette opération de relogement a été décidée sur la base d'un recensement qui a été fait en 2007, mais des familles trouvent toujours un moyen d'insérer un proche dans la liste. Si ce n'est pas le cas, c'est la révolte, le refus de quitter les lieux. Peut-être que des familles ont raison de crier leur colère lorsqu'elles voient d'autres bénéficier de meilleurs logements dans de meilleurs sites, mais très souvent, il y a du chantage, du marchandage dans ce genre d'opération. Toutes les magouilles sont permises pour avoir une place parmi le staff qui prépare l'opération. Arracher un logement pour soi et en faire profiter d'autres. Des jeunes célibataires (hommes et femmes) ont eu droit à des appartements neufs dans le cadre du social et de l'éradication de l'habitat précaire. Des citoyens vivant à l'extérieur d'Alger, possédant des biens ailleurs, également. Certains se les procurent et les revendent. Beaucoup dénoncent ces passe-droits, mais très peu de choses sont entreprises pour y remédier. Pour empêcher le retour des citoyens à la ferme Bakour, des bulldozers ont tout rasé sur leur chemin. Le site sera aménagé en station urbaine. C'est ce que disent les responsables de l'APC, en attendant de nouvelles idées.