Photo : Riad Par Hasna Yacoub La Cour suprême des Etats-Unis a donné hier le feu vert pour la libération de deux Algériens des six détenus à Guantanamo et refusant de retourner en Algérie après leur libération. «Les juges n'ont pas souhaité entendre l'appel déposé par Aziz Abdel Naji, capturé au Pakistan et à Guantanamo depuis 2002. La veille, ils avaient pris la même décision au sujet d'un autre ressortissant algérien, Fahri Saïd ben Mohamed», ont rapporté des agences de presse. Il est à préciser qu'il s'agit de six Algériens qui préfèrent l'incarcération au rapatriement car, comme l'affirme leur avocat, «ils craignent le traitement qui leur sera réservé une fois de retour chez eux : possible torture par les autorités ou exécution par des groupes terroristes s'ils refusent de se joindre à eux […]. Ce serait outrageant et inhumain de ne pas respecter leur volonté». Le gouvernement américain a rappelé que dix Algériens ont été rapatriés dans le passé et qu'ils n'ont pas été persécutés. Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), avait déclaré à ce sujet que les détenus algériens libérés étaient libres de ne pas choisir de retourner dans leur pays. Le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, a, pour sa part, toujours assuré que si les Algériens détenus à Guantanamo veulent rentrer au pays, ils seront les bienvenus, précisant que «la justice s'acquittera de sa mission en ce qui concerne les détenus faisant l'objet de poursuites judiciaires, selon le code pénal algérien».En revanche, pour ceux qui ne sont pas poursuivis par la justice algérienne, M. Belaïz avait affirmé qu'ils retourneront auprès de leur famille. D'ailleurs c'est le cas actuellement pour de nombreux ex-détenus de Guantanamo qui sont entrés au pays auprès des leurs sans aucune inquiétude. Les témoignages de ces derniers ont même été rapportés par les médias algériens sur leur vécu durant les années de détention, ainsi que sur leur situation après leur libération. Il est à rappeler, dans ce contexte, le cas des deux Algériens, Faghoul Abdelli et Mohamed Terari, détenus pendant sept à Guantanamo, accusés d'appartenance à un groupe terroriste en Algérie et qui, remis le 15 août 2008 aux autorités algériennes par les Etats-Unis, ont été acquittés, en novembre 2009, par un tribunal d'Alger, lors de leur procès ouvert après leur rapatriement. Ainsi, chaque Algérien libéré de Guantanamo et rapatrié en Algérie bénéficiera d'un procès équitable en cas de poursuites judiciaires en Algérie. Les autorités algériennes n'obligent pas les Etats-Unis à leur renvoyer leurs ressortissants détenus à Guantanamo. A rappeler, enfin, que conformément aux promesses du président américain Barack Obama, les États-Unis s'efforcent de vider peu à peu la prison de Guantanamo. Il reste encore près de 180 prisonniers contre 240 en 2008. Près de 800 personnes ont été détenues à Guantánamo depuis l'ouverture de ce camp en 2001, dans la plupart des cas sans inculpation ni jugement, parmi eux près d'une vingtaine d'Algériens.