Le dossier des ressortissants algériens, anciens détenus à Guantanamo, libérés par l'administration américaine et transférés en Bosnie-Herzégovine, a été évoqué, dimanche dernier, par le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci et son homologue bosniaque, M. Sven Alkalaj. «Nous avons évoqué cette question et nous accordons la plus grande attention à la situation de ces personnes qui ont des statuts particuliers qu'il faudra examiner au cas par cas», dira M. Medelci dans une déclaration rapportée par l'APS, à l'issue de la signature de deux accords de coopération entre l'Algérie et la Bosnie-Herzégovine. «Ce sont des Algériens mariés à des Bosniaques, qui ont des enfants et qui sont, aujourd'hui, dans leur seconde patrie, la Bosnie-Herzégovine», a-t-il souligné, ajoutant que «s'ils souhaitent, un jour, venir en Algérie, ils seront les bienvenus». Toutefois, M. Medelci a tenu à préciser qu'il n'avait pas engagé avec son homologue bosniaque des «négociations» sur cette question. «Nous avons tout simplement échangé des informations à ce sujet», a-t-il fait remarquer. Pour sa part, le ministre bosniaque s'est dit «tout à fait d'accord» avec M. Medelci, «s'agissant des trois personnes dont nous avons parlé, et que nous avons accepté d'accueillir chez nous». «Ce sont des pères de famille, ils ont bien été pris en charge et ont pu retrouver leurs épouses et leurs enfants», a-t-il indiqué. «Concernant les autres [détenus], les Etats-Unis ont décidé de les traiter au cas par cas et dès que nous aurons des informations sur leur situation, nous vous les communiquerons», a-t-il ajouté. Il s'agit, rappelons-le, de six Algériens qui vivaient en Bosnie, soupçonnés de porter atteinte à la sécurité nationale, qui ont été transférés à Guantanamo en 2002. Leurs procès ont compté parmi ceux que la Cour suprême des Etats-Unis a examinés lorsqu'elle a décidé d'accorder le droit de contester leur détention auprès des cours civiles des Etats-Unis aux prisonniers de Guantanamo. Dans cette prison de la honte, créée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 et que le nouvel occupant de la Maison Blanche, Barack Obama, a décidé de fermer, 242 prisonniers sont encore détenus dont dix sont Algériens, selon des données du Parlement européen. Deux d'entre eux, ayant résidé au Canada, ont demandé l'asile politique dans ce pays. Un autre Algérien, détenu à Guantanamo depuis février 2002, attend la réponse des autorités françaises après l'appel de deux ONG de défense des droits de l'homme à l'accueillir. Il est à préciser, également, qu'un seul prisonnier algérien parmi les six transférés le 18 janvier dernier, a quitté Guantanamo pour l'Algérie. Ce dernier a rapporté les sévices qu'il a subis durant sa détention : isolement prolongé, privation de sommeil, nudité, humiliations, interrogatoires avec simulation de noyade… Les prisonniers, dont le nombre a dépassé 800 depuis l'ouverture de cette prison, entre hommes et adolescents, ont tous été privés de leurs droits fondamentaux, notamment du droit à un procès équitable. En sept ans de détention, une vingtaine seulement a été inculpée de crimes de guerre, mais seulement trois ont été jugés. H. Y.