à l'occasion de la 18ème conférence internationale sur le sida, qui se tient depuis dimanche, à Vienne, en Autriche, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande le traitement des malades à un stade moins avancé. Les nouvelles directives de l'OMS pour vaincre cette maladie dévastatrice, publiées hier à Vienne, préconisent de commencer le traitement plus tôt en utilisant des molécules moins toxiques. Dans ses dernières directives, qui datent de 2006, l'OMS recommandait de traiter les malades quand leur compte de cellules CD4, qui définissent le niveau immunitaire, descend à 200 ou moins par mm3 de sang, alors que le taux normal est de 1 000 à 1 500. «Tous les adultes et les adolescents, y compris les femmes enceintes séropositives, présentant un niveau de CD4 de 350 cellules par mm3, doivent entamer un traitement antirétroviral, qu'il y ait ou non des symptômes cliniques», a souligné l'organisation onusienne, dans un texte de plus de 150 pages. Elle avait déjà avancé cette recommandation en novembre dernier, à la veille de la Journée mondiale du sida. L'OMS suggère aussi que les patients présentant des symptômes importants commencent le traitement quel que soit leur compte de CD4. «Les nouvelles recommandations peuvent augmenter substantiellement le nombre de personnes éligibles pour un traitement et donc augmenter le coût», relève l'OMS, qui admet qu'elles ne peuvent pas être immédiatement appliquées par tous les pays. Selon les estimations, «mettre sous traitement tous les patients ayant un compte de 350 CD4 ou moins devrait augmenter le nombre des personnes traitées de 49%», «faire baisser le nombre des décès de 20% d'ici à 2015», et éventuellement réduire la transmission du virus, indique encore l'organisation onusienne. Plus de 20 000 personnes participent depuis dimanche soir à Vienne à la 18e conférence internationale sur le sida. Les nouvelles pistes pour la prévention de l'épidémie sont au cœur des débats dans la capitale autrichienne jusqu'à vendredi. Selon l'OMS, quelque 5,2 millions de personnes séropositives recevaient un traitement contre le VIH à la fin de 2009. A la fin de 2008, on estimait à 4 millions le nombre de personnes recevant un traitement. En 2009, 1,2 million ont commencé à prendre des antirétroviraux, ce qui donne un total estimé à 5,2 millions de personnes. «C'est la plus forte augmentation en une seule année», s'est réjoui Hiroki Nakatani, vice-directeur général de l'OMS pour le sida. Un traitement antirétroviral fait de l'infection une maladie chronique. Il peut rendre le virus indétectable mais ne le détruit jamais complètement : il reste tapi dans des réservoirs dont à ce jour on n'a pas trouvé les moyens de le déloger. Environ 2 millions de personnes sont mortes en 2008 de causes liées au sida, un chiffre inchangé par rapport à 2007. Au total, 25 millions de personnes sont mortes du sida depuis le début de la maladie. Les nouvelles infections diminuent, sauf en Europe de l'Est et en Asie centrale, où elles touchent surtout les consommateurs de drogues injectables. Un rapport publié lors de cette conférence fait apparaître que le financement des programmes de lutte antisida dans les pays pauvres a reculé en 2009 à 7,6 milliards de dollars, contre 7,7 milliards en 2008. L'Afrique subsaharienne est la région la plus durement touchée avec 67% de l'ensemble des personnes vivant avec le VIH dans le monde (5% en moyenne de la population africaine), et près des trois quarts des décès. 71% des nouvelles infections sont intervenues en Afrique. 14 millions d'enfants y sont orphelins à cause de la maladie. 60% des personnes y vivant avec le VIH sont des femmes. En Algérie, la situation des malades atteints de sida est dramatique, en raison notamment de la rupture de médicaments qui perdure depuis des mois.