A l'occasion de la Journée mondiale de la tuberculose, jeudi 24 mars, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un nouveau rapport sur cette épidémie qui poursuit sa progression. Pour l'année 2003, 8,8 millions de nouveaux cas de tuberculose ont encore été enregistrés. Si dans la plupart des pays touchés, la situation s'est améliorée, souligne l'OMS, comme en Asie, elle continue à se dégrader sur le continent africain.Cette maladie a connu également une progression en Algérie depuis les années 1990. Durant la période du terrorisme, le taux d'incidence annuel a atteint 60 cas pour 100 000 habitants. La stratégie de lutte contre la tuberculose n'a pas pu être mise en application en raison de la situation sécuritaire très critique dans certaines régions du pays. « La région de Blida et ses environs ont connu durant cette période une véritable recrudescence de cette maladie », nous confie un médecin spécialiste qui n'exclut pas les mauvaises conditions socio-économiques de cette catégorie de la population. « Pour une meilleure prise en charge de cette maladie, les malades devaient de se présenter chaque jour au dispensaire. Chose qui était à cette époque très difficile à réaliser », ajoute t-il avant de préciser que la situation s'est actuellement améliorée et que l'Algérie ne figure pas sur cette liste de pays à forte prévalence selon les données de l'OMS. Selon cette organisation, en Afrique, la tuberculose profite de l'épidémie de VIH/sida pour progresser. La bactérie Mycobacterium tuberculosis profite du système immunitaire affaibli des malades du sida pour prospérer. Ainsi, alors que les taux d'incidence de la tuberculose sont stables ou diminuent en Asie, en Amérique ou en Europe, ils ont triplé dans les pays africains les plus touchés par l'épidémie de VIH. Le rapport 2005 sur la lutte antituberculeuse dans le monde précise que la prévalence mondiale de la tuberculose a reculé de plus de 20% depuis 1990 et que les taux d'incidence sont en baisse ou restent stables dans cinq des six régions du monde. La situation de l'Afrique contraste singulièrement avec ce tableau encourageant, puisque les taux d'incidence de la tuberculose ont triplé depuis 1990 dans les pays où la prévalence du VIH est élevée et continuent de progresser dans l'ensemble du continent à un rythme annuel de 3 à 4%. Selon l'OMS, l'Ouganda, qui représente le modèle africain dans la lutte contre le VIH, enregistre un taux de guérison des patients tuberculeux inférieur à celui d'il y a quatre ans. Plus de la moitié de l'ensemble des personnes atteintes de tuberculose en Ouganda n'ont toujours pas accès aux services DOTS(1) qui pourraient leur sauver la vie. « Les informations contenues dans ce rapport permettent réellement d'espérer que l'on parviendra à vaincre la tuberculose, mais elles sont tout de même inquiétantes », a déclaré le directeur général de l'OMS, Dr Lee Jong-Wook. De sérieux progrès ont été enregistrés en Chine et en Inde qui supportent à elles seules un tiers de la charge mondiale de tuberculose. Toutes deux ont intensifié la lutte contre la tuberculose en accélérant l'extension de la thérapie DOTS. Ainsi, le nombre des malades soignés par la thérapie DOTS dans le monde a augmenté de 8% en 2003 par rapport à l'année précédente. Une progression analogue a été enregistrée dans d'autres pays tels que l'Indonésie et les Philippines. Pour l'OMS, si l'engagement et les ressources investies se maintiennent au même niveau, l'objectif du Millénaire pour le développement concernant la réduction de l'incidence de la tuberculose d'ici 2015 sera bientôt atteint dans quatre régions : les Amériques, la Méditerranée orientale, l'Asie du Sud-Est et le Pacifique occidental. Les deux exceptions sont l'Afrique, qui est confrontée à la double épidémie de tuberculose et de VIH, et l'Europe, qui connaît des taux élevés de tuberculose polypharmacorésistante et où la stratégie DOTS progresse lentement dans les pays de l'ex-Union soviétique. « C'est grâce au dévouement des prestataires de soins de première ligne que l'on peut atteindre les plus vulnérables », a déclaré Dr Mario Raviglione, directeur du département OMS Halte à la tuberculose. « Mais cela n'est pas encore suffisant, il faut trouver dans toutes les régions de nouveaux partenaires, tant dans le secteur public que dans le secteur privé de la santé, afin d'atteindre plus de la moitié des patients qui n'ont pas encore accès aux traitements DOTS. » « C'est avec une grande fierté que nous constatons que nous sommes sur le point d'atteindre l'objectif qui consiste à réduire de moitié le nombre de cas de tuberculose d'ici 2015 », a déclaré le secrétaire d'Etat du Royaume-Uni pour le Développement international, Hilary Benn. « J'appelle la communauté internationale à intensifier les efforts pour combattre ces deux maladies simultanément », a-t-il lancé. Par ailleurs, il est important de relever que les organisations non gouvernementales dénoncent le manque de moyens à la disposition de médecins pour lutter contre la tuberculose. Le programme DOTS(1) est, lui aussi, remis en cause. (1) DOTS désigne la stratégie recommandée à l'échelon international pour lutter contre la tuberculose.