Les cellules de proximité au niveau des APC, peu de personnes en entendent parler. Leur rôle est d'être présentes aux côtés des démunis, des personnes aux besoins spécifiques, pour connaître leurs problèmes, leurs doléances et les transmettre aux institutions, aux organismes et autres parties pouvant apporter des solutions. Elles constituent un lien, un trait d'union entre les administrés et les administrateurs. Manque de moyens et immobilisme Sur le terrain, ces cellules n'existent que par le nom. Elles activent rarement, se limitant à des actions sporadiques décidées par les hautes autorités du pays. Elles prennent peu d'initiatives de se rapprocher des personnes qui ont besoin de soutien aussi bien moral que matériel. Beaucoup plus matériel que moral et c'est cela d'ailleurs qui entrave leur mission. «Nous avons tous les mêmes problèmes, nous souffrons tous de la même situation. Comment voulez-vous que je règle leurs problèmes, alors que les miens ne sont pas réglés ?» demande un jeune qui travaille dans l'une de ces cellules. Qu'il s'agisse de cellules de proximité ou de cellules d'écoute, l'appellation importe peu, elles sont confrontées à de sérieux problèmes. Le grand problème réside dans le manque de moyens. «Nous n'avons pas les moyens d'agir et nous ne possédons pas les solutions aux problèmes posés. C'est aux pouvoirs publics de répondre aux besoins des populations en matière de logement, de travail, de prestations de services dans les administrations publiques…Et cela, les institutions concernées ne le font pas de façon à satisfaire tout le monde. Il y a toujours des manques, des retards, des dérives, des injustices.» Des femmes qui activent au sein d'une cellule de proximité, dans une commune de l'est d'Alger, s'inquiètent de son devenir et de celui de toute la cellule. «Nous sommes mal payées. Parfois, nous attendons nos salaires pendant des mois. Nous ne pouvons pas accomplir notre mission convenablement si nous-mêmes sommes dans une situation qui laisse à désirer», se plaignent-elles. Le contact avec les institutions et autres parties censées répondre aux doléances des citoyens est souvent coupé, dénoncent des citoyens. «C'est bien beau de leur raconter nos problèmes, leur dire les changements qu'il faudrait faire pour améliorer notre situation…mais sans rien avoir en fin de compte. Parler pour parler, cela ne sert à rien. Nous voulons du concret», estiment des habitants d'Alger. Et le concret, pour eux, «c'est l'accès libre à un logement décent, un travail gratifiant, la justice et l'équité sociale». Au lieu de s'attarder alors sur le soutien moral et l'aide psychologique (quoi qu'elle soit nécessaire et indispensable dans toutes les situations), le plus judicieux est de chercher les solutions adéquates à ces problèmes. A la Maison de jeunes de Dar El Beïda à Alger, une femme médecin tient des propos réconfortants. Elle ne parle pas d'un salaire dérisoire, de mauvaises conditions de travail, d'une mauvaise coordination entre les différentes parties devant intervenir dans la résolution des problèmes de la population. Son langage est positif. Elle-même paraît positive dans ses pensées et son attitude. «Certaines personnes ont tendance à se focaliser sur ce qui est mauvais, ce qui est médiocre, tout ce qui marche de travers. Elles passent leur temps à critiquer des personnes et des situations au lieu de se consacrer sur leur personne, leur travail…Elles se concentrent sur les mauvaises choses et oublient les bonnes.» Environnement peu favorable Elle prend l'exemple d'une personne proche à elle : «C'est une personne sérieuse et bosseuse. Elle aime ce qu'elle fait et le fait sérieusement. Mais à force de voir les autres tricher, arriver tard au bureau et partir avant l'heure, elle a flanché. Elle a perdu son sérieux et son dynamisme. Elle est venue se confier à moi. Je lui ai dit alors de continuer à s'investir sérieusement dans son travail et d'ignorer simplement ce qui ne va pas. Elle a suivi mes conseils, retrouvé son dynamisme et des collègues à elles ont adopté le même comportement…. » Comme quoi, il suffit de quelques mots pour changer l'attitude d'une personne et de tout un groupe. La jeune femme affirme son souhait de voir toutes les personnes adopter la même position : «Il faut être positif dans la vie. Il ne sert à rien de suivre les autres dans leurs comportements négatifs». Elle parle de ces jeunes qui affirment être «dégoûtés» parce que d'autres vivent dans de meilleurs logements, travaillent dans de meilleurs conditions, ont de l'argent, des voitures, des biens…etc. «C'est vrai que la situation est déplorable. Il y a une injustice sociale que l'on ne peut ignorer mais ce n'est pas une raison de se faire du mal à soi-même. Il faut être responsable, raisonnable et serein dans la vie pour atteindre ses objectifs.» Son responsable hiérarchique affirme sa désolation de voir les jeunes sombrer dans la délinquance, la drogue et la harga. «Ça fait mal au cœur. Nous devons travailler tous ensemble pour venir au secours de ces jeunes. Il faut des moyens et un engagement personnel de chaque intervenant.» Identifier les failles A l'approche du Ramadhan, les services de l'APC, en collaboration avec ceux de la DAS (Direction de l'action sociale) et du CRA (Croissant Rouge algérien) procèdent au recensement des familles démunies pour la distribution du couffin et des repas. Un travail auquel doivent participer ces cellules de proximité, mais qu'elles font timidement pour la simple raison qu'elles ne sont pas fortement présentes sur le terrain. Force est de reconnaître que depuis quelques années, l'opération enregistre un franc succès pratiquement dans toutes les wilayas du pays quoi qu'il y ait toujours des cas de fraude, de vol…en bref, détournement de l'opération elle-même. Cette action de solidarité doit s'élargir à d'autres domaines et à longueur d'année à travers tout le pays. Les ministres du gouvernement se vantent d'avoir les ressources financières suffisantes pour réussir toutes les actions qui sont à même de contribuer au développement du pays et assurent aussi de l'existence d'une grande volonté politique dans ce sens. Pourquoi ne pas penser, dès lors, à redynamiser ces cellules, leur donner de nouveaux moyens et un nouveau souffle, pour reprendre leur activité? N'est-il pas temps de faire le bilan de ces cellules, déterminer les failles et les dysfonctionnements et y remédier? C'est chose indispensable en ces temps où il y a un grand besoin de communication entre les citoyens et les représentants de l'Etat. Avant cela, il est nécessaire de rétablir les liens entre ces mêmes cellules et les parties du pouvoir avec lesquelles elles doivent travailler directement (ministères de la Santé, Education nationale, Enseignement supérieur, Habitat, Jeunesse et sports, Justice…). Le travail est intersectoriel et engage toutes les parties de la société civile et des autorités publiques. K. M.