Les chiffres communiqués régulièrement par les services de la Gendarmerie nationale sur les accidents de la route sont effarants. Ils donnent froid dans le dos.Malgré les innombrables campagnes de sensibilisation et d'information, le nombre de décès ne cesse d'augmenter : les comptes rendus de la presse font état, quotidiennement, de dizaines de morts. Le drame dans tout cela est que, parfois, le nombre de décès dans un seul accident dépasse tout entendement. C'est le cas, par exemple, de celui survenu à Ghardaïa la semaine dernière. C'est tout simplement une hécatombe. Il est vrai que le sujet a fait l'objet de beaucoup d'écrits et de plusieurs commentaires. Mais le constat est toujours le même : rien ne fait reculer les tueurs de la route. Même les mesures introduites dans le code de la route et rendues publiques l'année dernière ne semblent avoir d'impact.Et pour cause. Il est devenu facile d'observer que, en plus, bien entendu, des infractions commises par les automobilistes, l'impunité est maîtresse du jeu. On voit chaque jour des violations à la loi perpétrées sous les yeux des agents de l'ordre souvent passifs. Toutefois, cette attitude n'est pas une règle générale et tous les agents de police ou de la gendarmeries ne restent pas les bras croisés devant ces comportements répréhensibles. Mais il faut le dire : le phénomène devient de plus en plus insupportable.Des scènes de dépassements dangereux ou autres fautes, qui se déroulent souvent en dehors des agglomérations, se répètent chaque jour. Les responsables des services de sécurité ont beau démentir, mais la chose est tellement banale qu'on peut la constater au premier barrage routier. A cela, il faut ajouter un autre phénomène, aussi ancien que le premier. Là aussi, le degré de gravité est énorme. Il s'agit de ce qu'on appelle communément les «interventions» ou les «connaissances». C'est tout simplement ahurissant. Un citoyen a même pris le plaisir, il y a quelques jours, de montrer un pli de convocations ou de procès-verbaux d'infractions récupérés dans les commissariats. Aucun procès n'a été payé et le «contrevenant» récupère son permis le lendemain du retrait si ce n'est le jour même sans qu'aucune sanction ne soit prononcée contre lui. C'est même devenu monnaie courante. Et les gens n'ont pratiquement plus peur de personne. C'est en grande partie cette deuxième situation qui justifie la première. Il semblerait que certains agents de l'ordre ne «se cassent pas la tête», puisque les permis retirés sont récupérés juste après grâce à «une intervention». Inutile de mentionner que, là aussi, la corruption n'est jamais loin. Loin de nous l'idée de jeter l'opprobre sur les services de sécurité. Mais la réalité est là. Elle est parlante.La question qui s'impose est celle de savoir à quoi sert une loi si elle est mal ou pas du tout appliquée. Quelle crédibilité donner aux institutions de l'Etat si les personnes censées faire respecter la loi sont les premières à la violer ? La situation est dramatique. Les solutions doivent être à la hauteur de l'enjeu. Sinon, l'hécatombe se poursuivra et des vies continueront d'être fauchées. A. B.