L'Indonésie est confiante quant à l'avenir de la coopération commerciale et économique avec l'Algérie, que son pays, grand producteur de gaz naturel, compte élargir. Les immenses projets initiés dans le cadre notamment du programme présidentiel ne laissent pas indifférents les responsables indonésiens. Ce pays, situé dans le sud-ouest de l'Asie, ne veut visiblement pas se contenter du rôle de pourvoyeur de certaines matières, entre autres le café, le bois et le contreplaqué. Preuve en est, l'appel, la semaine dernière, de l'ambassadrice d'Indonésie en Algérie à la «participation massive» des opérateurs algériens à la Foire internationale qu'organisera Jakarta du 21 au 25 octobre prochain. Ainsi, l'Indonésie veut ouvrir ses portes aux opérateurs économiques algériens et les invite à être présents à cet évènement mondial. Quel est l'impact de la participation algérienne à cette foire ? «La coopération économique entre les deux pays est actuellement faible et nous voulons la développer. L'Algérie et l'Indonésie ont signé une convention dans ce sens», a fait savoir Mme Yuli Mumpuni Widarso, accompagnée du ministre conseiller auprès de l'ambassade, M. Meddy H. Sewaka, durant la visite qu'elle a effectuée à la Chambre de commerce et d'industrie de l'Oranie (CCIO). «Les produits indonésiens sont déjà disponibles en Algérie. Les Algériens les achètent par le biais d'intermédiaires étrangers notamment européens. Pourquoi ne pas aller directement à la source ? C'est pour cette raison que j'appelle à la participation des opérateurs algériens à cette foire. Et de ce fait, je suggère de contracter des marchés directement avec des producteurs indonésiens», poursuit la même source. Pour Mme Widarso, ce genre de transactions permettrait aux importateurs algériens d'enregistrer des marges bénéficiaires plus larges. L'objectif assigné à cette rencontre est, selon elle, de rapprocher les opérateurs de tous les pays participants de la production locale et d'établir, éventuellement, des contrats d'affaires avec leurs homologues indonésiens. «Le but de cette foire, qui en est à sa 23ème édition, est de promouvoir les produits indonésiens à l'exportation. Ce n'est pas comme celle que vous aviez organisée ici à Alger, mais une foire ou il y aura seulement des produits indonésiens. Les 33 provinces de notre pays vont ainsi présenter les différents produits. Cette rencontre se veut un espace d'échange d'expérience et d'affaires. Les opérateurs indonésiens vont, en effet, présenter le potentiel indonésien en termes de produits de haute qualité et de haute technologie», a-t-elle expliqué. Pour elle, cet évènement vient à point nommé pour approfondir les relations commerciales : «Cette année, la foire sera beaucoup plus variée en termes de produits exposés, car elle verra également la présence du secteur de la bijouterie.» Et d'ajouter dans le même registre que son pays prévoit une participation record des hommes d'affaires, mais aussi des transactions et des contrats commerciaux. «L'année dernière, nous avons enregistré la participation de 109 pays et 470 000 visiteurs. Pour cette année, nous prévoyons un nombre plus important. Des transactions commerciales estimées à plus de 208,35 millions de dollars ont été réalisées durant l'édition de 2007», souligne-t-elle. «Les procédures de visa seront facilitées aux Algériens» Afin de faciliter la tâche aux hommes d'affaires algériens désirant participer à cet événement, les responsables de l'ambassade d'Indonésie veulent mettre le paquet, en ce sens que des mesures ont été prises pour faciliter les formalités de délivrance de visas. C'est ce que nous a déclaré Mme Widarso. «L'Algérie figure parmi les pays pouvant avoir accès à des facilités pour l'obtention d'un visa de circulation en Indonésie, soit ici, à l'ambassade, soit, en arrival, à l'aéroport de Djakarta. A titre d'exemple, les Algériens qui sont en Malaisie ou à Singapour peuvent en avoir un à leur arrivée en Indonésie», précise-t-elle. Indiquant que l'année 2008 est consacrée par les autorités de son pays à la promotion tous azimuts des potentialités touristiques, notre interlocutrice nous a fait savoir que tous les moyens relatifs aux futurs touristes algériens seront au rendez-vous. «L'objectif fixé pour cette année est d'atteindre les 8 millions de visiteurs. Et on croit l'atteindre d'autant qu'on possède un potentiel touristique énorme, fait notamment de ressources naturelles et culturelles», note-t-elle. A la question de savoir si son pays a émis le vœu d'ouvrir une ligne aérienne directe entre Alger et Jakarta, Mme l'ambassadrice, qui estime que cette option n'est pas à l'ordre de jour des pourparlers entre les deux pays, a mis en valeur la ligne directe Alger-Doha et Doha-Jakarta : «A présent, on possède une ligne directe Alger-Doha. A partir de la capitale qatarie, on peut se rendre à Bali et Djakarta, dessertes assurées par Qatar Airways. Franchement, c'est mon rêve d'ouvrir une liaison Algérie-Indonésie […].» Quels sont les secteurs d'investissement qui peuvent intéresser les opérateurs algériens et indonésiens ? Sur ce point, madame l'ambassadrice a indiqué que l'intérêt des hommes d'affaires indonésiens se manifeste de plus en plus. «Avec le programme d'un million de logements, nous sommes intéressés par l'exportation du bois», explique-t-elle. «Par ailleurs, des sociétés travaillent avec les Japonais dans le cadre du projet de l'autoroute Est-Ouest», poursuit-elle. «Les échanges commerciaux entre les deux pays estimés à 3 486,363 millions de dollars» Abordant la coopération commerciale algéro-indonésienne, la première responsable de la représentation diplomatique indonésienne en Algérie a estimé que les échanges commerciaux entre les deux pays sont en constante croissance. En effet, pour le compte de l'exercice écoulé, pas moins de 348 millions de dollars ont été réalisés. Alors que les exportations vers l'Indonésie sont de l'ordre de 201 581 millions de dollars, celles vers l'Algérie sont estimées à 115,502 millions de dollars. La balance commerciale, selon les responsables du département économique de l'ambassade indonésienne, est en faveur de l'Algérie, qui exporte vers l'Indonésie de l'or noir et des olives. Cette dernière exporte vers l'Algérie plusieurs produits, dont la poudre de lait, la margarine, le bois, le contreplaqué, les tissus, des composants électroniques ainsi que du café. Pour rappel, 60% du café est importé d'Indonésie. «Nos importations en pétrole algérien sont de l'ordre de 320 000 barils/jour, soit près de 10% de l'ensemble des importations quotidiennes», nous a précisé la même source. Toujours en ce qui concerne les échanges commerciaux, les deux pays ont inscrit dans leurs agendas une série de rencontres. Il s'agit notamment de celles ayant trait à la promotion du tourisme, de l'organisation régulière de réunion de hauts responsables économiques et commerciaux et des échanges de visites du secteur privé et de missions commerciales. Evoquant la coopération énergétique, la représentante diplomatique de l'Indonésie en Algérie a d'emblée souhaité l'investissement de la société Sonatrach dans son pays, notamment dans le raffinage : «Je souhaite que Sonatrach puisse avoir des projets mixtes en Indonésie. C'est une grande société qui a une longue expérience.» Interrogée sur la question d'une éventuelle opep du gaz, d'autant que son pays, à l'instar de l'Algérie, produit des quantités importantes de gaz naturel, Mme Widarso fait savoir que cette idée qui demeure au stade de réflexion mérite des négociations et des consultations entre les pays producteurs : «Le gaz, aujourd'hui, est devenu une arme stratégique. La question de l'approvisionnement devient de plus en plus importante.» S. B.