Photo : S. Zoheir Par Karima Mokrani Les habitants de Bab El Oued ne restent pas passifs devant l'absence d'un service de cardiologie dans le grand CHU Mohamed-Lamine Debaghine (Ex-Maillot). Un manque qui est à l'origine de la mort «bêtement» de certaines personnes atteintes de problèmes cardiaques. «Elles sont mortes lors de leur transfert vers les services spécialisés des autres CHU de la capitale. Elles sont mortes bêtement. Les pouvoirs publics doivent agir vite pour faire face à ce problème», lance M. Iyad Gouala, un pharmacien de Bab El Oued qui a pensé à interpeller directement le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière sur cette question. Non sans mobiliser bon nombre de citoyens autour d'une même revendication, celle d'ouvrir un service de cardiologie au niveau du CHU Maillot. «Il est inadmissible que ce CHU ne dispose pas d'un service de cardiologie», dit-il. M. Iyad vient de réunir 1 000 signatures auprès des habitants de Bab El Oued qui expriment le même souhait de voir s'ouvrir un service de cardiologie dans leur hôpital. 1 000 signatures qu'il souhaite remettre au ministre, M. Saïd Barkat, qu'il invite, lui et les autres signataires, à se rendre dans cet hôpital. Cette visite semble tarder à venir : «Nous ne comprenons pas pourquoi le ministre ne répond pas à notre invitation. Cela fait plus d'un mois [le 9 juillet 2008] que nous lui avons envoyé une lettre pour lui faire part de nos doléances. Une copie de cette lettre a été également adressée au président de la République pour le mettre au courant de la situation.» Comptant sur la mobilisation citoyenne, M. Iyad estime que la société civile doit jouer son rôle de partenaire des pouvoirs publics : «Nous voulons que la société civile soit partie prenante dans les décisions qui engagent l'avenir du pays. Il faut suivre ce qui se passe de par le monde.» L'inquiétude des habitants de Bab El Oued est d'autant plus compréhensible que beaucoup parmi les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires –au niveau national- finissent par rendre l'âme. Selon le Pr Mohand Saïd Issad, chef de service cardiologie au CHU de Beni Messous, le taux de mortalité dû aux maladies cardiovasculaires a atteint 46,2% en Algérie, ce qui classe ces maladies en tête des maladies non transmissibles. Entre autres facteurs de risque de ce grand problème de santé publique, il y a lieu de rappeler notamment l'hypertension artérielle, le diabète, l'obésité, la sédentarité, le tabagisme et le cholestérol. Les femmes, les habitants du Sud et les personnes âgées sont les plus exposés à ce problème de santé. Des séminaires, des journées d'étude et des campagnes de sensibilisation sont organisés dans différentes wilayas du pays pour mettre en garde contre les dangers du tabagisme, de l'obésité… mais les résultats sur le terrain montrent que les nouvelles habitudes alimentaires et le changement du mode de vie prennent le dessus, particulièrement dans les grandes villes du pays.