La nouvelle ville de Hassi Messaoud, en projet, est mise en veilleuse mais pas abandonnée, le projet pouvant être revu et relancé. C'est une option que l'actuelle direction de Sonatrach n'a pas démentie. De même qu'elle n'a pas démenti les informations faisant état de l'annulation du projet d'étude, d'exécution et de suivi des travaux de construction de la nouvelle ville en question attribué en juillet 2009 au groupe canadien d'ingénierie SNC Lavalin pour près de 312 millions d'euros. Annulation ou gel, l'EVMH ne s'en est pas expliquée en tout cas. Ce qui est sûr, cependant, c'est que le projet, si jamais il est remis en selle, ne sera pas réceptionné dans les délais prévus initialement. La cacophonie qui entoure la nouvelle ville de Hassi Messaoud, puisque les choses n'ont pas été tirées au clair, intervient dans un contexte particulier : le département de l'Energie et des Mines a changé de ministre, de même, la Sonatrach de P-DG. Vraisemblablement, la nouvelle équipe dirigeante dans le secteur n'a pas la même vision que l'équipe sortante. Des suspicions semblent peser sur certains projets mis en chantier par le staff qui était aux commandes. Dans le doute, les nouveaux dirigeants semblent avoir repoussé des projets, dont la EVMH. Deux appels d'offres pour le même projet (nouvelle ville de Hassi Messaoud) avaient été déclarés infructueux. Le premier a été lancé en octobre 2007 et le second en juin 2008. Ce dernier avait été remporté par SNC Lavalin avant d'être annulé suite au recours introduit par le groupement américain AECOM-Louis Berger auprès de la commission nationale des marchés. Au commencement, une compétition serrée entre une série d'entreprises et de groupements d'entreprises. Le choix du bureau d'études chargé du suivi, du contrôle et de la coordination de l'exécution des travaux de réalisation s'était, on s'en souvient, porté sur SNC Lavalin International, chef de file d'un groupement de bureaux d'études, parce que cette société avait fait une meilleure offre financière : 38 152 634 528 dinars (montant global en monnaie nationale). Ses concurrents dans cette compétition, l'américain AECOM, le français Iosis, le sud-coréen KLC, avaient proposé respectivement 48 670 203 118,34 dinars, 43 375 256 520 dinars, 46 080 000 000,00 dinars. L'offre canadienne était la mieux-disante. La compétition était tellement serrée que les quatre qualifiés avaient obtenu, au terme de l'étape technique, la notation suivante : AECOM (69,13 points), SNC Lavalin (71,17 points), Iosis (65,53 points), KLC (65,79 points). Deux groupements chinois, China State Construction et Shangai Xian Dai, avaient été éliminés. C'était l'établissement de la ville nouvelle de Hassi Messaoud (EVNH) qui avait lancé l'appel d'offres. En fonction des critères qu'elle avait établis, l'EVNH attribuait 75 points à l'étape technique et 25 points à la phase financière. L'EVNH disposait même de siège et d'experts dans différents secteurs. Le siège de l'EVNH était situé en dehors de l'enceinte de l'ancienne ville de Hassi Messaoud, abritant une cinquantaine d'employés, au départ. Il était composé, notamment d'un bloc administratif, d'un bloc d'hébergement et d'un restaurant. Le siège de l'EVNH avait été inauguré en présence du ministre de l'Energie et des Mines. Cet établissement avait même adopté son budget, son mode de fonctionnement et son système de rémunération. Par ailleurs, une opération de boisement de la région sud du futur Hassi Messaoud avait été également lancée, dans le but de former une forêt à même de protéger la ville, une fois réalisée, contre les vents du Sud. Cette future bande verte devait comprendre quelque 60 000 palmiers sur une superficie globale de 312 hectares. L'ancien ministre tenait à ce projet : dans l'une de ses déclarations, Chakib Khelil avait souligné que l'Etat «mettra tous les moyens nécessaires pour aller jusqu'au bout du projet». D'un coût global de six milliards de dollars, le projet de cette ville devait être réalisé dans un délai de 96 mois, dont seize pour les travaux d'engineering. Couvrant une superficie de 4 483 hectares, le projet, destiné à une population de 80 000 habitants, comprend un «îlot énergie» qui devait constituer le quartier général des compagnies pétrolières opérant sur les champs pétroliers avoisinants. Il était également question de la construction d'immeubles administratifs, d'instituts universitaires, de centres de formation, de recherche et de développement, de lieux et centres de culte, d'infrastructures, équipements et établissements du sport et de la jeunesse. La ville nouvelle du plus grand champ pétrolier du pays devait comprendre aussi des zones d'activité destinées à la production de biens et services liés aux activités énergétiques et universitaires. La nouvelle ville couvre une superficie de 4 483 hectares. Et elle devait être située à équidistance (80 km environ) des villes de Ouargla, Touggourt et Hassi Messaoud. L'on se rappelle d'ailleurs, qu'au cours de la séance d'ouverture publique des plis des sociétés ayant soumissionné pour le choix du bureau de suivi et de contrôle des travaux comme mentionné plus haut, le directeur de l'EVNH avait présenté à grands traits le schéma de ce que sera la nouvelle ville. Ce sera, en fait, une «oasis urbaine», disait-il. «Elle englobera une grande variété de zones résidentielles, des structures universitaires, culturelles, sportives et de loisirs…», expliquait, enthousiaste, Zeriati. Dans le détail, le plan urbain dont il s'agit prévoyait la réalisation d'infrastructures pour les secteurs de l'éducation nationale (43 infrastructures), de l'énergie (12), de la santé et de la population (30), de la jeunesse et des sports (37), de la culture (27), de l'administration (27), des finances et des assurances (5), du commerce (253), du tourisme (3), du culte (6), divers (7), ajoutait le patron de l'EVNH. Et ce n'est pas tout, le plan d'aménagement prévoyait une gare routière, des centres commerciaux, des hôtels, une base-vie… Ce projet pharaonique, les autorités voulaient y associer même le privé national ; des appels d'offres restreints devaient être lancés pour engager le privé dans la réalisation de certains segments inhérents à ce projet. La ville nouvelle de Hassi Messaoud, dont le coût de réalisation avait été estimé trop élevé, devait sortir de terre dans un délai de 96 mois. La ville, sur le papier, était étalée sur une superficie de 4 483 hectares. Le lancement effectif des travaux de réalisation de ce nouveau pôle énergétique et urbain avait été même effectué par l'ex-ministre de l'Energie. Y. S.