Spécialisée dans les réalisations industrielles, le génie civil, l'enginering, les fournitures, la réalisation des postes de distribution électriques…, l'entreprise Binama a été distinguée récemment par la certification Iso 9001-2000. Cette classification est perçue par le gérant de l'entreprise plus comme étant «une méthode et un outil de travail» selon des normes internationales qu'une distinction proprement dite. «Nous la considérons comme un minimum de garantie quant à un mode de fonctionnement. Chaque personne est censée s'autocontrôler à chaque phase de la chaîne, de la prospection jusqu'à la remise au client, pour éviter des pertes inutiles. Cela suppose aussi qu'on soit compétitifs et qu'on présente le même niveau de service, la même qualité irréprochable que les entreprises étrangères», nous dira le directeur général de Binama, Salim Benalia. Ayant pris les rênes de cette entreprise familiale il y a plus d'un an, ce jeune gérant affiche des ambitions mesurées quant au développement de Binama qui, dira-t-il, existe depuis 1981 mais qui a pris un essor remarquable il y a seulement deux ans. Depuis qu'elle s'est lancée dans des projets d'envergure comme celui qui consiste en la réalisation d'une station anti-incendie à Skikda ou encore d'un poste électrique à Sidi Bel Abbès pour le compte d'un de ses partenaires étrangers, le groupe français de référence, Areva. A partir de 2006, cette société à responsabilité limitée (SARL) a entrepris de réaliser, pour le compte de Sonelgaz, en sous-traitant avec le leader allemand Siemens, des équipements destinés à un poste de distribution électrique (400 kw) dans la région de Bir Ghebalou (Bouira). Le chantier de Sidi Bel Abbès, précise notre interlocuteur, est deux fois plus important que celui de Bouira. Binama sous-traite avec d'autres partenaires étrangers et des partenaires nationaux, comme Sonelgaz mais principalement Sonatrach dont les marchés représentent environ 40 % du chiffre d'affaires global de l'entreprise. «Pour une entreprise qui a fonctionné par ses propres moyens, nous pouvons dire que nous avons réalisé beaucoup d'évolution ! » ajoute ce dernier qui situe les objectifs actuels de l'entreprise à deux niveaux : d'abord, le développement des compétences du personnel, une finalité à atteindre d'ici à 2010, en lui offrant surtout l'occasion d'exercer et de mettre au défi ses connaissances dans un environnement de travail adéquat. Ensuite, la présence au niveau de chaque zone industrielle pour se rapprocher le plus des clients et des marchés. Ce qui permettrait, du coup, le maintien de l'effectif contractuel, une main-d'œuvre locale recrutée conjoncturellement en fonction des projets et liée à l'entreprise par des contrats à durée déterminée (CDD). Cela, souligne-t-on, passant nécessairement par le maintien d'un plan de charge régulier. Actuellement, Binama compte entre 350 et 400 salariés. Outre la direction générale sise à Alger, Binama dispose de trois bureaux régionaux à l'Est, à l'Ouest et à Biskra, en attendant d'en ouvrir d'autres à l'échelle nationale, notamment dans le grand Sud, à fort potentiel énergétique (hydrocarbures) et où l'entreprise ambitionne de décrocher des marchés. La certification Iso, note M. Benalia, est l'un des facteurs qui devraient permettre de prétendre à ces buts. Les objectifs sont clairs, les compétences humaines existent et les énergies sont débordantes. Principal écueil au développement de l'entreprise : la difficulté d'obtenir des financements qui permettraient de soumissionner à autant de marchés que le permettent les atouts de Binama. D'où, nous explique-t-on, la nécessité de trouver des partenaires pour outrepasser cette contrainte de taille. Et de pointer du doigt les banques qui «ne jouent pas le jeu». Cela, regrette notre interlocuteur, au moment où les entreprises étrangères n'ont aucune difficulté à obtenir des prêts de leurs banques établies à l'étranger. En raison de ce «frein», la SARL Binama se voit limitée à sous-traiter avec ses concurrentes étrangères au moment où, assure son gérant, elle dispose des mêmes capacités en termes de compétences humaines notamment : «Nous avons des ingénieurs, des bureaux d'études compétitifs qui nous permettent de réaliser les mêmes choses que les étrangers mais nous ne pouvons pas prendre leurs marchés à cause du financement. Du coup, nous sommes obligés seulement de sous-traiter avec celles-ci qui n'hésitent pas à prendre nos cotations puis solliciter d'autres entreprises que nous, plus importantes pour réduire leurs coûts. Et dire que l'offre existe, nous avons du pain sur la planche avec le marché national en raison de la vétusté des équipements qui datent de 30 à 40 ans et qui doivent être remplacés.». Cette situation, estime-t-il, est due plus à une mentalité et à des habitudes qui ont la peau dure qu'à une volonté délibérée de mettre des bâtons dans les roues des entreprises nationales. Une mentalité induite essentiellement à un manque de maturité entreprenariale. En Algérie pourtant, informe notre interlocuteur, très peu d'entreprises englobant autant de segments d'activité et de polyvalence existent. Et de citer Ettarkib, une des filiales de Sonelgaz et un bureau d'études algéro-français, dont Sonatrach détient des actions. C'est dire que la concurrence vient notamment des groupes étrangers qui raflent à la pelle les marchés en raison des facilitations que des entreprises comme Binama ont du mal à obtenir dans leur pays. «Pourtant, nous sommes une entreprise solvable et nos compétences techniques ne sont plus à prouver. Dans un sens, nous payons cher l'arrivée des compagnies étrangères !» conclut M. Benalia non sans amertume. Pour autant, il ne s'avoue pas vaincu et préfère maintenir son moral au beau fixe. Car, il en est convaincu, il y va de la pérennité et de l'intérêt de l'héritage qu'il a la lourde responsabilité non seulement de sauvegarder mais surtout de mener à bon port. M. C.