L'absence d'un attaquant de pointe ne peut, en fait, expliquer et surtout justifier la dernière prestation des Verts en Afrique du Sud. Même en fin de saison, la sélection algérienne a encore besoin de s'améliorer, de progresser. Il y a des années que l'équipe a oublié de jouer les premiers rôles. Elle a, certes, beaucoup perdu de son standing et de sa… crédibilité, mais les alternatives restent toujours possibles. Quoi qu'il arrive, la formation algérienne ne peut rester sans objectif. Sa raison d'être, celle d'une équipe qui a ses propres particularités, est de continuer à dégager des horizons. En a-t-elle vraiment les moyens ? En dépit des insuffisances et de ce qu'elle laisse entrevoir, nous pensons qu'elle reste encore capable du meilleur. Son match héroïque livré face aux Pharaons à Oum Dormane ou encore son match référence face aux Ivoiriens en Angola lors de la CAN 2010 en sont une preuve concrète. Les éliminatoires de la CAN 2012, organisée conjointement par le Gabon et la Guinée équatoriale, vont bientôt démarrer. D'une certaine façon, il nous semble que même si elle n'a pas encore commencé, les Verts se donnent déjà rendez-vous pour ce grand rassemblement de l'élite africaine. Et quelque chose nous fait croire qu'ils peuvent avoir leur mot à dire dans ce genre d'épreuve. Leurs défaillances en Afrique du Sud étaient essentiellement d'ordre tactique. D'où une absence d'application dans le jeu et dans le comportement qui a entraîné ce que Rabah Saadane qualifie «d'inefficacité devant les buts». Un problème qui semble ronger de plus en plus le comportement de l'équipe. «Ça revient d'un match à l'autre. Les buts nous fuient. Nous avons besoin de concrétiser les occasions qu'on se crée. Cela ne devrait pas durer.» Forcément puisqu'il y a de toute évidence une limite à tout. Quand la motivation arrive à manquer, c'est le rendement et le comportement des joueurs qui s'en ressentent le plus. Même si l'on est le plus gros palmarès du football africain, disposer d'un style, présenter une continuité, afficher des principes ne suffisent pas pour rester longtemps en contact avec l'élite. Il est rare qu'une formation nationale possède une identité aussi forte, ancrée dans ses convictions sportives immuables qui sont la source de tout. Une équipe se construit à partir du terrain. Ce n'est pas une révolution, certes, mais certainement une recomposition de l'effectif avec plus de jeunes et la présence également de joueurs expérimentés pour encadrer les sans-expérience. Défendre, tenir le choc, ça fait partie du football, du jeu. Mais ce n'est pas ce qui réussit le mieux et le plus à l'Algérie. L'Algérie défend très bien et n'encaisse pas beaucoup de buts, mais ce que les amoureux de l'équipe nationale préfèrent vraiment… c'est voir leur formation s'ouvrir, ne pas rester confinée dans son petit football qui consiste à défendre. Le plan de redressement baigne en fait dans une seule et même idée-force : le football chez les Fennecs devrait être uni entre les jeunes, les anciens et les modernes. Il n'y aura en fait qu'une seule équipe de football. Des équipes qui incarnent des valeurs fortes, profondes et ne se soucient pas justement des changements. Par leur exceptionnel don, leurs sensations, leur abattage, leur flamboyance, elles s'entraînent au sommet et on ne peut leur contester, d'un autre côté, de disposer de ressort et de courage. Dans l'euphorie des succès ou dans la déception des échecs, elles ne semblent pas oublier leurs principes. Leurs objectifs ne se définissent pas seulement en termes de résultats, moins aussi et surtout en termes d'attitude et de comportement. Depuis que la sélection algérienne a tourné la page du Mondial 2010 et ses déboires, celle-ci doit certainement changer d'arguments dans les futures différentes échéances qui les attendent. Ses repères ne doivent plus être aussi les mêmes. Nous ne saurons peut-être pas tout de suite si l'ouverture opérée par le sélectionneur au niveau de la liste est un peu dictée par les circonstances ou alors par un réel désir de renouveau. Toujours est-il qu'on voit, enfin, deux nouvelles têtes dans le groupe national, même si le match face aux Yankees nous a encore une fois révélé une équipe algérienne peu créative et peu offensive avec toujours ce seul attaquant devant et cette armada de demis guère constructeurs qui se marchaient un peu sur les pieds. Pour le Gabon, il y aura trois attaquants, tous jeunes, qui n'ont pas encore fait toutes leurs preuves mais qui pourraient profiter de leur passage en équipe nationale pour se faire les dents et surtout briller dans leurs clubs respectifs pour mériter leur statut d'internationaux. Mais par-delà les noms, l'important est de découvrir les intentions du sélectionneur national, prêt ou pas à changer la vocation de cette équipe et de passer de l'ère défensive à celle offensive. Qu'en sera-t-il pour ces éliminatoires de la CAN 2012 ? Ce sera forcément une autre histoire. Mais encore faut-il en avoir les moyens. Pour le moment, les voyants ne sont pas totalement au vert. S. A. D.