Aujourd'hui, le Rwanda élit son président. Le sortant Paul Kagame en course pour un nouveau septennat après sa victoire écrasante de 2003 est donné grandissime favori, faute de véritable opposition. Quelque 5,2 millions d'électeurs sont appelés à choisir le chef de l'Etat parmi quatre candidats. Paul Kagamé âgé de 52 ans est à la tête de ce petit pays d'Afrique centrale depuis qu'il a mis un terme au génocide des Tutsi en juillet 1994. Pour cette deuxième présidentielle depuis les notoires massacres, Kagamé aura à faire face à trois candidats l'ayant soutenu en 2003. Le tout non sans provoquer des remous au sein de l'opposition. Trois partis récemment apparus, dont deux non reconnus par les autorités, sont de facto exclus du scrutin, ont dénoncé une «farce électorale» et qualifié en substance les trois rivaux de Kagame de candidats fantoches. Le président sortant fort de son contrôle des rouages de l'Etat s'est engagé pleinement dans cette «bataille» politique. Tout au long de la campagne, le candidat Kagame n'a pas arrêté de promettre de «poursuivre le développement» et de «travailler pour la paix». Il aura mobilisé des centaines de milliers de partisans au cours de meetings organisés dans tout le pays. Le président également leader du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-rébellion tutsie contrôle tous les échelons de la vie politique dans ce petit pays des Grand lacs. Kagamé, malgré des accusations de despotisme demeure populaire. Samedi dernier au cours d'un dernier meeting de campagne, en périphérie de Kigali, une marée humaine de plusieurs dizaines de milliers de personnes aux couleurs rouge-blanc-bleu du FPR a accueilli le président-candidat, aux cris de «Personne d'autre que toi». Se voulant conciliateur dans un pays multiethnique, Kagamé a défendu la «nouvelle politique du Rwanda», une «politique pour tous les Rwandais», au-delà des clivages raciaux entre les trois principaux groupes du pays : Hutu, Tutsi et Twa. S'arc-boutant sur un a-priori favorable sur le plan international, Paul Kagame a su mettre en œuvre une politique volontariste de développement économique. Le Rwanda sous sa présidence s'est révélé un exemple en Afrique dans le développement des services et des nouvelles technologies, ainsi que dans la modernisation de l'agriculture. Les critiques du régime dénoncent une réussite tronquée. Pour les opposants, derrière la vitrine reluisante se cache un régime répressif et ultra-autoritaire. Des ONG à l'image de Human Rights Watch (HRW) reprochent régulièrement au système Kagamé «une répression persistante des droits civils et politiques» et des «restrictions de la liberté d'expression, susceptibles d'affecter la stabilité du pays à long terme». Pour le scrutin d'aujourd'hui, quelque 1 394 observateurs seront déployés dans le pays, dont 214 étrangers. M. B.