Les Rwandais ont commencé à voter hier pour une élection présidentielle sans surprise, que le chef de l'Etat sortant, Paul Kagame, au pouvoir depuis le génocide de 1994 et sans véritable opposition, est assuré de remporter. Pour ce second scrutin présidentiel depuis le génocide de 1994, l'élection du président sortant, Paul Kagame, et tout puissant « leader » du Front patriotique rwandais (FPR, ex-rébellion) ne fait aucun doute. Quelque 5,2 millions d'électeurs devaient se prononcer dans les 15 507 bureaux de vote du pays. Environ 1400 observateurs assistent au scrutin, dont 214 internationaux pour le compte, notamment, de l'Union africaine (UA) ou du Commonwealth. L'Union européenne (UE), arguant de raisons budgétaires, n'a pas envoyé d'observateurs. Paul Kagame préside aux destinées de ce petit pays d'Afrique centrale depuis qu'il a mis un terme au génocide des Tutsis en juillet 1994, et sollicite un nouveau mandat de sept ans, après son élection triomphale en 2003 avec 95% des voix. Pour cette deuxième présidentielle depuis les massacres, le président du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-rébellion tutsi, qui contrôle tous les échelons de la vie politique, affronte trois candidats qui l'avaient soutenu en 2003. Trois partis récemment apparus, dont deux non reconnus par les autorités, sont de facto exclus du vote. Ils ont dénoncé une « farce électorale » et qualifié en substance les trois rivaux de M. Kagame de candidats fantoches. Ces derniers ont à tour de rôle clamé leur indépendance et justifié la similitude de leurs programmes avec ceux du FPR au nom d'une démocratie apaisée. Au cours de nombreux meetings organisés dans toutes les provinces, le candidat Kagame, sous les couleurs rouge-blanc-bleu du FPR, a mobilisé des centaines de milliers de partisans, mettant en avant les incontestables progrès du Rwanda depuis 16 ans, et promettant de « poursuivre la bataille pour le développement, la paix et l'unité » du pays. Fidèle à son habitude, l'ex-chef de guerre a balayé avec mépris les critiques des « étrangers » sur son bilan en matière de liberté d'expression et d'opinion. Fort d'un généreux soutien international, le régime de Paul Kagame a su mettre en œuvre une politique volontariste de développement économique, axée sur les services et les nouvelles technologies, ainsi que la modernisation de l'agriculture. Néanmoins, opposants et critiques du régime dénoncent une réussite en trompe-l'oeil, dissimulant un régime répressif et ultra-autoritaire. Si la campagne officielle s'est déroulée sans incidents notables, les signes de tension se sont multipliés avec une « hausse de l'insécurité » et « un nombre croissant de menaces et d'agressions » envers l'opposition, a ainsi dénoncé l'organisation Human Rights Watch. Des fractures sont également apparues au grand jour au sein de l'élite tutsi anglophone, à la tête du pays depuis 1994, qui rendent très nerveux le régime.