Plus d'un million d'amputations dues au diabète sont enregistrées chaque année dans le monde, alerte la Fédération internationale du diabète (FID). Chaque année, aussi, 4 millions de personnes dans le monde souffrent d'un ulcère du pied. Dans la majorité des cas, il est possible de prévenir les ulcères et les amputations pour peu que certaines précautions élémentaires soient prises. La plupart des problèmes peuvent être, en effet, évités grâce à une prévention efficace. C'est ce qu'ont affirmé, hier, des spécialistes, dont le professeur Fouzia Sekkal, chef de service de diabétologie au CHU de Bab El Oued, et le professeur Mohamed Bouayed, chef de service chirurgie vasculaire à l'EHU d'Oran. Ils intervenaient lors d'un séminaire sur la prévention et la prise en charge du pied diabétique organisé à l'hôtel Mouflon d'or par les laboratoires Lad Pharma, en collaboration avec la Fédération des associations de diabétiques. «La prévention est la clé pour se préserver des lésions qui peuvent s'avérer fatales pour un diabétique», a estimé le professeur Bouayed, insistant sur l'hygiène des pieds, souvent négligée par les diabétiques. Selon lui, «une hygiène des pieds irréprochable est vivement recommandée». «Je conseille souvent au malade de porter des chaussures adaptées, des chaussettes en coton et de se sécher minutieusement les pieds, notamment après ses ablutions, d'éviter aussi el henna […]. La gymnastique des pieds, qui allie aussi rotations et flexions des chevilles, revêt d'énormes bienfaits, de même qu'une heure de marche quotidienne», a-t-il indiqué. En somme, des précautions simples qui permettent d'échapper au pire.Le professeur a également appelé à la nécessité de mettre en place des actions de prévention en direction des malades, insistant sur le rôle des maisons des diabétiques et des médecins généralistes. Il a souligné «que 80% des cas, un ulcère du pied précède l'amputation», précisant que sur une période de cinq ans, 33% des patients diabétiques hospitalisés dans son service ont été amputés, d'où l'intérêt d'une prise en charge pluridisciplinaire et d'une prévention efficiente. «Prévenir un ulcère du pied permet inéluctablement de prévenir l'amputation», explique-t-il. Outre la prévention insuffisante, les lacunes en matière de prise en charge des malades et de suivi ainsi que l'absence de centres spécialisés sont également décriées.Prendre soin de ses pieds est donc indispensable pour un diabétique car il présente des troubles de la sensibilité à la chaleur et au froid et une diminution de la sensation de douleur. Du coup, il ne perçoit pas les traumatismes pouvant survenir et peut se blesser sans s'en apercevoir, d'où des conséquences irréversibles telles que des ulcères des pieds et des blessures difficiles à soigner. L'infection de ces blessures peut ainsi entraîner l'amputation. Un problème redoutable de santé publique, d'autant que le coût de la prise en charge est lourd. Une amputation du pied d'un diabétique coûterait dans les 900 000 DA. En matière de prise en charge thérapeutique, des traitements sont préconisés contre l'ulcère du pied diabétique, à l'image du facteur de croissance épidermique Humain Recombinant (Heberprot-P). Ce médicament stimule la granulation et accélère la re-épithélialisation de l'ulcère du pied diabétique, diminue le temps de cicatrisation ainsi que le nombre de débridements chirurgicaux et de récurrences locales.Le laboratoire a demandé d'étendre l'enregistrement du médicament hospitalier aux officines mais aucune suite ne lui a été donnée depuis presque 15 mois. «Le produit fabriqué par Lad Pharma n'est disponible ni dans les hôpitaux ni dans les officines, ce qui pénalise les malades», explique un responsable de Lad Pharma. D'autre part, il n'est pas utilisé au niveau des cliniques privées, qui sont dépendantes de la disponibilité de ce produit au niveau des pharmacies. «Bien qu'enregistré en octobre 2008, la distribution de ce médicament bute sur des difficultés et des retards inexpliqués», ajoute-t-il, sollicitant le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbes, «afin de régler cette situation». A. B.