Photo : Riad Par Mohamed Rahmani Adeux jours du mois sacré du Ramadhan, le siège de la Direction de l'action sociale (DAS) de la wilaya de Annaba est envahi par des dizaines de familles nécessiteuses venues demander de l'aide auprès de cette institution. Des mères de famille, des personnes âgées et des enfants attendaient dans les couloirs, espérant une entrevue avec les responsables pour leur exposer leur situation et les convaincre de les porter sur les listes des bénéficiaires des couffins du Ramadhan.Il faut dire que les services de la DAS ont procédé dernièrement à une révision des listes des familles démunies établies par les 12 communes que compte la wilaya, révision qui a donné lieu à la radiation de 345 indus bénéficiaires. Ces derniers se sont avérés être pour la plupart des retraités, des commerçants ou déjà bénéficiaires dans le cadre des différentes formules d'emploi, ce qui les exclut automatiquement. Certains parmi eux ayant de faibles revenus, ce qui ne leur permet pas cependant de bénéficier de cette aide, sont venus introduire des recours auprès de l'administration. La directrice de la DAS, Mme Mayouche, est visiblement débordée : réception du public, téléphone qui n'arrête pas de sonner et une secrétaire qui attend avec un parapheur. «C'est toujours comme ça, surtout pendant la semaine qui précède le Ramadhan, nous lance-t-elle, comme vous voyez, nous sommes assaillis de toute part et ce n'est pas facile à gérer.» En effet, selon la carte sociale établie depuis près de 4 ans et remise à jour à chaque fois, il y a, dans la wilaya de Annaba, 21 326 familles vivant au-dessous du seuil de pauvreté, familles sans revenus, pupilles de l'Etat, orphelins, handicapés, nécessiteux, victimes du terrorisme… Sur le budget de la wilaya, 10 millions de dinars ont été débloqués pour la fourniture de 4 500 couffins d'une valeur de 2 000 à 2 500 DA chacun, contenant de semoule, pâtes, huile, concentré de tomate, lait en poudre, café, sucre, pois chiches et autres. Les 12 communes ont contribué sur leurs propres fonds avec 54 millions de dinars et ont mis à la disposition de la DAS 17 893 couffins ; le ministère de la Solidarité a débloqué 3 630 000 DA pour 1 630 couffins et la Sonatrach a contribué avec 500 couffins, sans compter les associations de bienfaisance qui se sont mobilisées pour aider les familles défavorisées. Près de 24 000 couffins en tout ont été acheminés au niveau des communes pour être distribués, au plus tard, une journée avant le début du mois de jeûne, ceci afin de permettre à ces familles pauvres de passer au moins les premiers jours à l'abri du besoin. Sur un autre plan, d'autres associations et le Croissant-Rouge algérien vont ouvrir 15 restaurants qui seront implantés pour la plupart au chef-lieu de wilaya mais aussi à El Bouni, El Hadjar et Sidi Amar. Ils offrent aux voyageurs, aux nécessiteux et aux sans-abri près de 2 500 repas par jour.Cette solidarité organisée et contrôlée par les services de la DAS et les élus ne suffit apparemment pas au vu du nombre de familles nécessiteuses dans cette grande wilaya de l'Est considérée comme un pôle économique important. Il suffit de voir la foule d'individus se bousculer au niveau des couloirs de la DAS et des communes pour comprendre que tout l'édifice social est en train de vaciller et menace de s'effondrer. Ces dernières années, malgré l'embellie qu'ont connue certains secteurs avec une augmentation toute relative des postes d'emploi, la situation ne s'est guère améliorée et des pans entiers de la société ont plongé dans la misère si bien que l'on voit le nombre de mendiants se multiplier et parfois même des gens fouiller dans les poubelles pour se nourrir. Une situation indigne d'un pays comme le nôtre.