L'état a décidé récemment de doubler son aide aux partis politiques siégeant à l'Assemblée populaire nationale (APN). Fixée initialement à 200 000 DA pour chaque député, la subvention annuelle passera désormais à 400 000 DA. Les formations concernées ne pouvaient qu'applaudir cette mesure, inscrite dans la loi de finances complémentaire 2008, tout en rappelant qu'elle constituait l'une des revendications des parlementaires. Les raisons invoquées par ces derniers peuvent paraître recevables en cela qu'elles viennent renforcer les dispositifs de financement des partis déjà en place, comme les cotisations des députés élus sur leurs listes. Que l'Etat ait répondu favorablement à la sollicitation des parlementaires en consentant la bagatelle de 155 millions de dinars sur son budget, cela suppose aussi des responsabilités à assumer par les partis bénéficiaires et par les parlementaires eux-mêmes. Cela suppose, en premier lieu, que les formations politiques accomplissent pleinement leur rôle en participant activement à la vie politique nationale, qui est loin de se limiter aux seules échéances électorales ou autres rendez-vous liés à leurs activités ordinaires et d'ordre organique. Il a souvent été reproché aux partis politiques de ne pas s'impliquer suffisamment et de manière constante dans des questions qui relèvent pourtant de l'intérêt général des Algériens. S'ils brillent parfois par un silence coupable dans des situations qui auraient dû les interpeller en premier lieu, ils se distinguent d'autres fois par des réactions aussi tièdes que tardives qui font s'interroger sur leur efficacité et l'étendue de leur influence sur la société. Les députés, dont les indemnités mensuelles ont également été revues à la hausse, continuent de susciter la défiance du commun des Algériens dont l'imaginaire ne retient de cette fonction qu'une opportunité de s'enrichir et de régler des affaires personnelles au détriment de celles qui leur ont été confiées par ceux qui leur ont accordé leur voix et leur confiance. Certes, tous les députés ne sont pas déméritoires, mais certaines pratiques ont la peau dure et les conséquences sont fâcheuses : le manque d'assiduité dont certains parlementaires font preuve lors des séances plénières n'a d'égal que leur mépris de la lourde responsabilité qu'exige leur fonction. D'autres, moins nombreux, se distinguent par une instabilité d'appartenance à leur famille politique : sans aucun état d'âme, ils deviennent des transfuges d'un tel parti au bénéfice d'un autre uniquement parce qu'ils ont senti que le vent tourne du côté de celui-ci. La responsabilité du parti quant au choix de ses représentants à tous les niveaux est, dans ce cas, précisément mise en cause. Car, en définitive, il ne faut pas oublier que tout l'argent que coûte un député provient des recettes des hydrocarbures, certes, mais aussi des lourdes et éternelles taxes et autres redevances du citoyen envers l'Etat… M. C.