L'observation du jeûne pendant le mois de Ramadhan est une obligation divine pour tout musulman majeur. Comme à chaque veille de ce mois, ce devoir religieux est surclassé par la frénésie acheteuse. Les ménages s'inquiètent des prix qu'ils devront affronter pendant les trente jours du mois sacré. Et les consommateurs ont déjà un avant-goût de ce qui les attend. Du moins au cours de cette première semaine du mois de jeûne. Les portefeuilles minces vont devoir trouver des parades pour jeûner sans contraintes financières ou plutôt sans crédits. De fait, le Ramadhan qui s'annonce cause déjà des soucis financiers surtout aux faibles revenus qui ne savent plus où donner de la tête avec des rétributions qui n'évoluent pas et un pouvoir d'achat qui se dégrade de jour en jour.Il est vrai aussi que, depuis plusieurs années, Ramadhan rime avec saignée pour la grande majorité des Algériens qui ne comprennent toujours pas l'incapacité de l'Etat à intervenir pour réguler un marché anarchique sous prétexte que les prix sont libres. Les importations «spécial Ramadhan» de viandes et autres denrées alimentaires et la constitution de stocks de plusieurs denrées alimentaires par le gouvernement «sur instruction du chef de l'Etat» ne semblent pas rassurer les familles qui appréhendent de subir (comme d'habitude) les conséquences d'un marché complètement incontrôlé au moment où les organismes censés les protéger se cachent derrière «la loi du marché libre» pour justifier leur inefficacité ou «complicité». Il ne reste alors comme espoir aux plus démunis que cette solidarité organisée et contrôlée par les services de la DAS, les élus locaux et les bienfaiteurs. Une solidarité qui s'avère, toutefois, insuffisante au vu du nombre de familles nécessiteuses sur tout le territoire national. Il suffit de voir la foule d'individus qui se bousculent au niveau des couloirs de la DAS et des communes pour comprendre que tout l'édifice social est en train de vaciller. L'embellie financière que connaît le pays laisse perplexe vu le nombre croissant des mendiants et surtout ces personnes, de plus en plus nombreuses, qui fouillent dans les poubelles pour se nourrir. Une situation indigne d'un pays comme l'Algérie. R. N.