La célébration de cette fête signifie paix, justice et révolte contre toute forme d'oppression. Il est de notre devoir en cette occasion solennelle, de nous prosterner devant tous les martyrs du devoir, des causes justes et nobles de tous les temps et de tous les âges ainsi que devant toutes les âmes innocentes assassinées sauvagement çà et là à travers notre planète (en Palestine, en Irak etc.) au nom d'un Islam défiguré et mal compris par ses faux dévots, au nom d'une démocratie nihiliste à sens unique par les dinosaures de l'impérialisme sioniste et enfin au nom de la sauvegarde, et de la défense des droits de l'homme, par les adeptes d'une mondialisation dévorante. A toute cette armada, notre Islam, pourtant religion de justice et de coexistence pacifique, apparaît à cause de leur haine envahissante et démesurée, comme une cible noire à atteindre par n'importe quel moyen et une proie à abattre là où il se trouve car il constitue à leurs yeux, souffrant d'ailleurs d'une myopie développée, la source du terrorisme et par conséquent, une cause d'insécurité mondiale, alors que tout le monde sait pertinemment et sans équivoque, les ennemis de l'Islam plus que ses amis, que la promotion de l'homme dans tous les domaines de la vie, est due à cette religion, hélas, gratuitement dénigrée. Ceci étant, permettez-moi de vous exposer ci-après et d'une manière assez exhaustive la portée multidimensionnelle de la fête de Achoura dont la célébration signifie paix, justice et révolte contre toute forme d'oppression. En effet, le jour de Achoura est le 10e jour du mois sacré de Moharrem. Il apparaît sous plusieurs aspects à savoir: Jour sacré, de paix et de quiétude L'année lunaire comprend comme vous le savez très bien quatre mois sacrés, trois consécutifs : Dhu-l-Qi'da, Dhu-l-Hijja et Moharrem; le quatrième étant isolé : Radjeb, ou le septième mois de l'année. Durant ces mois les Arabes observaient une trêve où les guerres et toute forme de violence étaient prohibées. Ainsi les voyageurs et les commerçants se déplaçaient sans crainte d'être attaqués. Institutions païennes, ces mois étaient en fait une bénédiction du Seigneur, le Miséricordieux, permettant particulièrement aux Coraïchites (citoyens de la Mecque et voisins du Temple Sacré), de vaquer à leurs occupations commerciales en toute quiétude et de s'approvisionner de produits vitaux en toute tranquillité pendant les saisons d'hiver et d'été. Le Saint Coran évoque cette Grâce : «A cause du pacte des Coraïch. De leur pacte (concernant) les voyages d'hiver et d'été. Qu'ils adorent donc le Maître de cette Maison (la Ka'ba) qui les a nourris contre la faim et rassurés de la crainte.», et par conséquent de toute invasion de quelque origine qu'elle soit. La Sourate précédente, relatant un événement prodigieux, montre comment s'est manifestée l'intervention divine pour protéger sa Maison bénie contre les «gens de l'Eléphant», en l'occurrence Abraha et son armée qui voulurent, à défaut de l'évangélisation forcée des Arabes, détruire leur temple sacré. Le Saint Coran énonce avec éloquence en s'adressant au Prophète Salut Divin Sur Lui : «N'as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi envers les gens de l'Eléphant ? N'a-t-il pas rendu leur ruse complètement vaine ? Il fit abattre sur eux des oiseaux par volées leur lançant des pierres d'argile. Et Il les a rendu telle une paille mâchée.» En outre, l'Islam maintint les mois sacrés pendant lesquels la vie des hommes et leurs biens étaient protégés et les érigea par ailleurs en rites dont le respect reste une obligation qui s'impose à tous. Il s'agit de la sacralité de ces mois, qui évoque la paix et la sérénité devant marquer cette période de l'année qui est celle du Pèlerinage. Le Saint Coran dans la Sourate dite «Le Repentir» ou Attawbah (Verset 36) met l'accent sur le caractère sacré de ces mois en ces termes: «Le nombre de mois pour Allah est de douze, dans la prescription d'Allah, le jour où Il créa les Cieux et la Terre. Quatre d'entre eux sont sacrés : telle est la religion droite. Durant ces mois, ne vous faites pas de tort entre vous. Combattez les associateurs sans exception comme ils vous combattent sans exception. Et sachez qu'Allah est avec les pieux.» L'on observe ici, comme vous devez le constater, une incitation coranique à faire régner un climat de paix et de justice tout en menant une lutte sans merci contre toute forme de féodalisme, de terrorisme et d'exploitation de l'homme par l'homme, car l'on ne peut spolier les droits des gens que si l'on croit à des divinités autres que le Tout-Puissant, et ce qui est plus grave encore, lorsqu'on s'accorde ce pouvoir sur les peuples à l'image du Pharaon de Moïse. Il ne s'agit guère ici de combattre ceux qui adoptent une religion différente de la nôtre, car le respect des convictions reste un principe immuable convenablement sauvegardé par l'Islam. «Point de contrainte en religion» comme le stipule si bien le Saint Coran dans la Sourate dite «La Vache» ou « Al Baqara »(Verset 256), et notamment les Versets 8 et 9 de la Sourate dite «L'éprouvée» ou «Al Mumtahana» lesquels restent plus accueillants vis-à-vis des minorités de confessions autres que la nôtre. Ces Versets stipulent à cet égard : «Allah ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus au motif de religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Allah aime les équitables. Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus au motif de religion, chassé de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes.». Mieux encore, le Saint Coran fit de ces quatre mois sacrés des rites de Dieu, qu'on retrouve en tout temps et dans tous les Messages révélés. «Telle est la Religion droite». Cette sacralité est malheureusement bafouée de nos jours; situation envenimée davantage par une culture de consommation, de vulgarité, plus sauvage que la sauvagerie elle-même. Point de respect pour les valeurs morales, point d'amour pour le pays, point d'initiative de développement ou de progrès. Il va sans dire que si les hommes croient en cette trêve divine et mettent toute leur volonté à se conformer à ses directives, et ce pendant les quatre mois que dure celle-ci, nul doute qu'ils auront la possibilité de vivre dans l'aisance et la quiétude et par la même occasion verront leurs souhaits exaucés. Ils vivront alors tous dans un climat de paix, de fraternité en oeuvrant chacun selon ses capacités et tous ensemble à promouvoir le bien et la vertu et à bannir à jamais le mal sous toutes ses formes. Le jour de Achoura est sacré à double titre: c'est le 10e jour du mois sacré de Moharrem, c'est également le jour tant vénéré par notre Prophète Mohammed Salut Divin Sur Lui, qui, de son vivant le célébrait par le jeûne et ordonnait à Ses compagnons d'en faire autant jusqu'au moment de l'institution du jeûne obligatoire du mois de Ramadan. Ainsi le jeûne du jour de Achoura devint désormais bénévole pour ceux qui veulent bien l'observer. La tradition prophétique met en exergue la solennité de ce jour de Achoura et notamment de son jeûne ainsi: a) D'après Ibn Abbas (cousin du Prophète) que Dieu agrée son âme, «quand le Messager de Dieu Salut Divin Sur Lui s'installa à Médine, Il constata que les juifs jeûnaient ce jour de Achoura. Interrogeant quelques compagnons parmi les citoyens de Médine, on Lui répondit que le jeûne de Achoura fût observé par Moïse Salut Divin Sur Lui et ses fidèles apôtres en guise de remerciement au Seigneur, l'Omnipotent, pour les avoir délivrés de la tyrannie des pharaons. Le Prophète ordonna aussitôt à ses compagnons de jeûner pendant ce jour sacré.» b) D'après Ibn Abbas également, le Prophète Salut Divin Sur Lui souhaitait, s'il restait en vie l'année suivante, jeûner le neuvième et le dixième jour du mois de Moharrem et ce dans le but de contredire les juifs dans leurs convictions et de ne guère les imiter dans l'observation de leurs rites, du fait de leurs fourberies répétées et impostures incessantes. Mais le Prophète décède quelques mois plus tard! c) Un autre compagnon du Prophète Abou Katada, que Dieu l'agrée rapporte qu'on a interrogé le Messager de Dieu Salut Divin Sur Lui à propos du jeûne du jour de Achoura, Il répondit avec joie et ferveur que «le jeûne de ce jour effacerait tous les péchés commis au courant de l'année écoulée.» Il convient de préciser là qu'il s'agit des péchés commis vis-à-vis de sa personne ou vis-à-vis du Seigneur en délaissant certaines obligations par exemple, et non les torts ou préjudices causés à autrui. Pour ces péchés, seul le repentir en demandant pardon aux victimes par le rétablissement des droits usurpés en reste le moyen crédible d'expiation. Fête historique et jour de Grâce divine Ce jour sacré est en fait le 10e non seulement par rapport aux journées du mois sacré de Moharrem mais aussi par rapport à d'autres considérations à savoir: a) C'est le 10e par rapport aux autres magnificences divines dont jouit la Communauté musulmane qu'on se propose d'énumérer ainsi: - le mois sacré de Radjeb caractérisé par l'Ascension céleste du Prophète Mohammed Salut Divin Sur Lui, - le mois de Cha'bane, par la nouvelle orientation de la Qibla (direction des prières), vers la Mecque sur ordre du Seigneur pendant la deuxième année de l' Hégire. La Qibla était aux premiers temps de l'époque médinoise orientée vers Jérusalem. - Le mois de Ramadan établissant l'obligation du jeûne, comme moyen de piété, d'expiation et de purification spirituelle ; mois caractérisé en outre par la révélation du Saint Coran en une nuit de Grâce, celle du Destin préférée à mille mois de piété, - Les deux fêtes El-Fitr et Al-Adha, la première clôturant les rites du jeûne du mois de Ramadan, la seconde, ceux du pèlerinage aux lieux saints de l'Islam, - La journée de Arafat (9e jour du mois sacré Dhu-l-hijja) dont le jeûne effacerait les péchés de deux années : l'une écoulée et l'autre à venir, - Les dix premiers jours du mois sacré Dhu-l-hijja consacrés surtout aux rites du pèlerinage, - La journée du vendredi, fête hebdomadaire des musulmans. b) ‘Achoura signifie également que le Seigneur a doté de Sa Grâce et de Sa Miséricorde, particulièrement en ce jour sacré, dix Prophètes Salut Divin Sur Eux. En effet, fût délivré en ce jour de Achoura: - Adam où il s'est repenti du péché qu'il a commis à la suite duquel, il fût descendu avec son épouse Eve de leur demeure paisible verdoyante et illuminée pour affronter ici-bas les problèmes quotidiens de la vie, - Idris, des tourments de ce bas monde et fût doté d'une élévation céleste vers le Seigneur, - Noé ainsi que ses adeptes du naufrage lesquels furent sauvés du châtiment infligé aux non-croyants après une prédication de plus de neuf siècles, - Abraham, père d'Ismaël et d'Isaac, de la gigantesque fournaise du roi Nemroud, laquelle devint pour lui une fraîcheur salutaire, - Ismaël, fils aîné d'Abraham, de la rude épreuve d'immolation, ordonnée à son père en guise d'offrande, par le Seigneur. Le père et le fils furent après leur soumission inconditionnée à cette injonction, aussitôt rançonnés d'une récompense généreuse, - Jacob, fils de Isaac, de la cécité dont il souffrait fort longtemps à cause du grand chagrin et de l'immense affliction qu'il essuya à la suite de la disparition de Joseph, sous la conspiration de ses frères, - Moïse et ses adeptes israélites des supplices du Pharaon que le Seigneur a noyé avec toute son armée dans la mer cruelle, - Job, d'une grande maladie, dont il a souffert pendant plus d'une décennie. En se lavant et s'abreuvant de l'eau bénite, le mal le quitta aussitôt ; il retrouva ses forces comme s'il n'avait pas enduré les mille tourments, - Jonas, du poisson géant qui l'a simplement avalé. Il le conserva par la volonté divine sain et sauf dans son ventre jusqu'au jour de sa délivrance sur une terre nue, indisposé qu' il était, - Jésus-Christ, des conspirations des juifs. Il fût élevé par la Grâce divine vers le Seigneur Omnipotent. Il ne fût guère tué ni crucifié, et le Saint Coran infirmant les conjectures et les suppositions erronées des infidèles, confirme cette élévation miraculeuse du Christ. Compte tenu de ce qui précède, il apparaît que célébrer la fête sacrée de Achoura, par le jeûne, par l'aide aux personnes dans le besoin, par des actions louables de tout genre, à partir de l'autocritique orientée vers soi-même, jusqu'à se forger une volonté de servir son pays et ses semblables avec abnégation et amour, n'est autre qu'une participation à instauration entre les hommes d'un climat de paix et de justice, permettant à chacun d'affronter les obstacles du progrès et d'appréhender avec amour les risques du métier. Fêter ce jour sacré nous permet de vivre un tant soit peu les délices de la Grâce divine dont jouirent certains prophètes et messagers de Dieu, depuis Adam jusqu'à Jésus, en ce jour même de Achoura. Fêter ce jour sacré nous amène malheureusement à nous remémorer les événements douloureux de Karbala (en Irak) en l'an 61 de l'ère hégirienne, où furent assassinés sauvagement et sans scrupules plusieurs proches du Prophète Salut Divin Sur Lui, et notamment son petit-fils le noble Hussein, fils de ‘Ali Ibn Abi Taleb que Dieu agrée leurs âmes, oui assassinés par une junte assoiffée de pouvoir, despotique, celle des Omeyyades. En se soulevant contre la tyrannie de Yazid, fils de Mo'awya, alors Emir, notre valeureux Hussein refusa de se soumettre à un pouvoir injuste, corrompu et de débauche. Il mit en offrande son âme pure et vertueuse en guise de rançon de la liberté des hommes et fit savoir par ce sacrifice à ceux qui militent jusqu'à la fin des temps, pour les causes justes et nobles qu'unis, on peut tout faire, et vivre dans les bas fonds de la matière ne saurait égaler les délices du martyr, au moment de son élévation vers le Seigneur, ni le bonheur de tomber au champ d'honneur. Que notre Seigneur le Compatissant agrée toutes les âmes purifiées par le sacrifice et les accueille parmi Ses élus dans le paradis de l'Au-delà.