Pyongyang menace mais la caravane américano-sud-coréenne passe imperturbablement face aux côtes nord-coréennes. La nouvelle série de manœuvres militaires lancée hier par la Corée du Sud et les Etats-Unis impliquant 56 000 soldats sud-coréens et 30 000 américains s'est poursuivie en dépit des menaces de représailles de la Corée du Nord qui estime que cet exercice s'apparente à une démonstration de force à l'attention de Pyongyang. L'exercice, prévu pour durer dix jours, fait partie d'une série de manœuvres menées par la Corée du Sud, seule ou conjointement avec les Etats-Unis, depuis le naufrage il y a près de cinq mois d'un de ses navires, attribué à une torpille nord-coréenne par une commission d'enquête internationale. Selon le président sud-coréen Lee Myung-Bak, il s'agit d'un «exercice pour la paix et la dissuasion». La guerre froide qui ne s'est jamais arrêtée entre les anciens blocs Est et Ouest, semble maintenir son souffle dans le Pacifique à travers le différend historique qui oppose les deux Corées. Le naufrage de la corvette «Cheonan», le 26 mars, dans une zone maritime frontalière, dans lequel 46 marins sud-coréens ont péri, a considérablement accru les tensions entre les deux Corées alors que le régime communiste du Nord a claqué depuis plus d'un an la porte des discussions entre six pays visant à le convaincre de renoncer à ses ambitions nucléaires. Les tensions ont également été attisées par la saisie, la semaine dernière, d'un bateau de pêche sud-coréen par le Nord. Les manœuvres militaires conjointes qui ont débuté hier ont été baptisées «Ulchi Freedom Guardian» du nom d'un ancien général coréen célèbre. Selon des responsables militaires, elles visent à contrer des simulacres d'attaques nord-coréennes utilisant des armes nucléaires, des missiles et des sous-marins. Pyongyang a vivement réagi aux manœuvres. Hier, le quotidien du parti au pouvoir Rodong Sinmun a dit que la Corée du Nord était «prête avec son arsenal à balayer tous les ennemis» qui sont «voués à être brûlés jusqu'à la mort». Dès dimanche dernier, la Corée du Nord avait promis d'infliger «la plus sévère punition jamais infligée à quiconque dans le monde» aux Etats-Unis et à la Corée du Sud, promettant que son armée et son peuple leur porteraient «un coup sans pitié» pour répondre aux manœuvres. Le régime de Pyongyang, qui a catégoriquement démenti être impliqué dans le naufrage du Cheonan, a qualifié les manœuvres conjointes de répétition générale en vue d'une «invasion militaire» à grande échelle. Dans un message publié sur un site militaire américain, le général Walter Sharp, commandant en chef des 28 500 soldats américains stationnés en Corée du Sud, a dit que ces manœuvres étaient «l'un des plus grands exercices communs jamais effectués dans le monde». Dimanche dernier, lors d'un discours à l'occasion de l'anniversaire de la fin de l'occupation japonaise de la Corée en 1945, le président Lee a assuré que son pays ne tolérerait plus de provocations militaires venues du Nord. «Le Nord ne doit jamais s'aventurer à une autre provocation et nous ne la tolérerons pas s'ils [les Nord-Coréens] recommencent», a-t-il déclaré. Pyongyang a jusqu'ici ignoré les appels de Séoul à libérer le bateau de pêche sud-coréen saisi la semaine dernière avec ses sept membres d'équipage, dont trois Chinois. «Nous demandons à nouveau au Nord d'entreprendre des actions responsables en rendant le bateau et l'équipage dès que possible», a dit hier Chun Hae-Sung, porte-paroledu ministère de la Réunification. En juillet, les armées sud-coréenne et américaine avaient déjà mené des manœuvres conjointes, dont des exercices de lutte anti-sous-marine visant à mettre en garde la Corée du Nord après le torpillage du «Cheonan.» Ces exercices avaient mobilisé une vingtaine de bâtiments, dont le porte-avions «George Washington», 200 avions et 8 000 hommes. A. G.