D'ordinaire, les Algériens, notamment les bourses moyennes, éprouvent des difficultés à faire face aux dépenses de leur famille. Pendant le mois de Ramadhan, la difficulté s'accentue surtout avec la flambée des prix des produits de large consommation et elle l'est encore davantage à l'approche de deux autres occasions : l'Aïd El Fitr et la rentrée scolaire. Des «échéances» qui s'apparentent à des cauchemars au vu de la cherté de la vie en Algérie. Les familles algériennes, surtout celles qui ont beaucoup d'enfants, ne savent plus où donner de la tête pour faire face à toutes ces dépenses. Au niveau du marché Tnach à Belcourt, la majorité des citoyens interrogés hier nous ont confié qu'ils n'arrivent plus à joindre les deux bouts et qu'ils se plient en quatre pour s'en sortir. Des fins de mois difficiles, c'est connu, mais pendant le mois de jeûne, l'Aïd et la rentrée scolaire, les dépenses se font plus nombreuses. Mais vu la moyenne des salaires en Algérie, il est aisé d'imaginer le désarroi des familles dont beaucoup doivent se priver même des produits de base les plus élémentaires pour nourrir leurs enfants. Saliha, mère de deux enfants, que nous avons rencontrée au marché, n'a pas manqué de signaler que tout est cher et qu'elle n'arrive plus à faire face à cette situation. «Quelle que soit la somme qu'on prend avec nous, ce n'est jamais suffisant. On revient avec le porte-monnaie vide sans avoir acheté les produits dont nous avons besoin», se plaint-elle. Interrogée pour savoir comment elle se débrouille pour le Ramadhan, elle dira : «Difficilement.» De plus, elle appréhende les frais de l'Aïd et de la rentrée scolaire. De son côté, un cadre moyen d'une banque explique que le mois de Ramadhan engendre beaucoup de dépenses et qu'il est difficile de s'en sortir avec son salaire. «Même pour un employé qui gagne 30 000 DA par mois, ce n'est pas évident», explique-t-il. D'ailleurs, «vu la cherté de la vie, le Ramadhan n'est plus ce qu'il était et les citoyens ne se bousculent plus au marché. Même sur le plan gastronomique, ils se suffisent de la viande congelée, ce qui n'était pas le cas avant».Fatima, pour sa part, se débrouille à sa façon. Avec un mari qui ne travaille pas, deux enfants à sa charge, elle dit qu'elle survit grâce à l'aide de 5 000 DA octroyée par l'APC. Pour les préparatifs de l'Aïd, elle se contentera du minimum d'autant qu'une simple salopette revient à 550 DA. Les vêtements de ses enfants pour cette fête lui seront offerts par des âmes charitables. Même ceux qui travaillent en double brigade pour gagner plus d'argent disent qu'ils se fatiguent plus pour le même résultat, puisque surpris à chaque fois par les prix qui augmentent de façon vertigineuse. Si les Algériens se débrouillent comme ils peuvent pour faire face à toutes les dépenses, la difficulté demeure entière et les pouvoirs publics doivent se pencher sérieusement sur la problématique des salaires et celles des prix, notamment ceux des produits de large consommation. B. A.