Les fêtes passées, on se gratte la tête dans l'espoir de trouver les ressources nécessaires pour faire face aux nouvelles dépenses: rentrée scolaire, Ramadhan, Aïd... Avec la période d'été, les familles s'empressent d'organiser les réjouissances en évitant, généralement, les jours de la semaine et en essayant de «bloquer» la fête pour le week-end, mais voilà, l'arrivée de Ramadhan a bousculé le calendrier. Ainsi, pratiquement tous les jours de la semaine, la fête bat son plein, il semble que les familles, n'ayant généralement que peu ou pas de place chez elles, ont opté pour les salles de fêtes qui affichent complet jusqu'au dernier jour d'août. Aussi, les invitations pleuvent et les gens ne savent plus où donner de la tête. Pour les pères de famille, ce sont surtout les bourses qui prennent un sacré coup. Avec l'arrivée des émigrés et les fêtes, le marché entre dans une période de folie. Les prix des fruits et légumes ont, tout simplement, grimpé. Et cerise sur le gâteau, la pomme de terre a décidé de jouer la fille de l'air en ne s'invitant à nos tables qu'au prix de 60DA avec la qualité en moins. Un marchand de Draâ Ben Khedda dit être «désolé d'avoir à afficher de pareils prix qui pénalisent les citoyens, mais nous-mêmes, au marché de gros, nous avons de la peine à trouver le produit. Fort heureusement, il y a ces chambres froides, mais là encore, il faut compter avec les connaissances». Or, le marché ne se contente pas de laisser libre cours à la hausse du prix de la pomme de terre. Tous les produits de large consommations ont pris l'ascenseur. Seul l'oignon se morfond dans l'ornière en rêvant, certainement, de «moments meilleurs». Comme pour ne pas être en reste, l'épicerie s'est jointe, cette année, au cycle infernal des augmentations. La semoule a ainsi été affichée à plus de 4200DA le quintal, l'huile a suivi avec 500DA le bidon de 5 litres et plus que tout, c'est le lait qui a vu son prix se multiplier au moins par deux. Selon les épiceries et les villages, le lait est revendu à des prix impossibles. C'est 25DA dans les épiceries de Draâ Ben Khedda, mais 40DA le litre à Ouaguenoune; faut-il d'abord le trouver. Les producteurs ou transformateurs privés étant en bisbille avec le gouvernement au sujet des aides promises, c'est toute la filière qui est grippée. Certes, officiellement, le gouvernement a bien précisé que le prix est encore soutenu, mais de la décision au terrain, il faut compter avec les «impondérables». La farine, elle aussi, n'a pas augmenté, selon les déclarations de l'Oaic, mais voilà que les boulangers évoquent déjà la possibilité de grève. Ils expliquent aux clients que «la farine risque d'augmenter» et parlent des impôts qui, selon eux, «sont étouffants». Tout le monde a réellement peur d'une augmentation de la baguette de pain. Pour les pères de famille, «ce sera la goutte qui fera déborder le vase!» Les citoyens n'en peuvent plus. Avec ces augmentations des produits de première nécessité, les ménagères éprouvent bien des difficultés à composer les repas pour la famille. En effet, les petits adorent les frites et les grands le couscous. Deux produits, désormais, inabordables, sans compter que pour la viande, il faut «repasser». Une autre source de dépenses incompressibles frappe à la porte, c'est l'approche du mois sacré de Ramadhan. Les sucreries pour les enfants, le bout de viande pour la chorba, les légumes frais au lieu des légumes secs, et tout cela chiffre! Après le Ramadhan, ce sera ensuite la rentrée des classes. Il faudra penser à habiller et à chausser les petits et aussi à leur acheter des affaires scolaires, une autre source de dépenses. La meilleure des conclusions est celle de ce paysan, Ammi Ahcène, qui résume la situation en disant: «Avant, on attendait les récoltes pour faire face aux dépenses et aux imprévus. Désormais, je pense qu'il va devoir vendre la terre pour pouvoir s'en sortir une année après. Dieu y pourvoira!»