La conférence de presse animée conjointement par le président de la FAF et celui de la Ligue nationale de football a été très instructive. En ce sens qu'elle révèle le fossé qui se creuse chaque jour un peu plus entre les gouvernants et les gouvernés. Ainsi, on apprend que la fédération présidée par Raouraoua détient dans son escarcelle pas moins de 160 milliards de centimes, dont environ 30 milliards de centimes d'aide de l'Etat, le reste provenant des sponsors et de la publicité. Tout cela pour gérer le football. Ce n'est pas tout. Dans le cadre de la mise en place de la professionnalisation des clubs, ceux-ci vont bénéficier d'exonérations fiscales et de charges sociales (c'est déjà pris en compte dans la loi de finances complémentaire pour cette année), mais aussi d'un fonds d'aide pour le développement du football, cela en plus des dix milliards de centimes de crédit pour les centres de formation. Autant dire que l'argent est en train de couler à profusion dans cette discipline. Un argent qui est puisé dans les caisses du Trésor public, donc des contribuables. Des sommes faramineuses ont déjà été déboursées pour les différents clubs venant soit du ministère, de la FAF ou encore des sponsors. Et dont on ne sait pas encore comment il a été utilisé, aucun contrôle ni audit n'ont été opérés par les institutions concernées. Les fédérations et les présidents de club n'ont jamais eu à s'en expliquer. En revanche, ils ne cessent de réclamer plus d'argent pour des résultats peu probants pour ne pas dire nuls pour certains d'entre eux. L'intervention de l'Etat pour revigorer le sport roi, sans pour autant chercher à savoir ce qui a été fait des enveloppes financières allouées (tandis que les sponsors sont sommés de payer la TVA sur les actes de «bienfaisance» pour le sport) laisse penser que le nouveau système adopté et qui sera appliqué par le même staff pourrait connaître un sort analogue. Pendant ce temps, l'Etat distribue des couffins pour les démunis recensés pendant le mois de Ramadhan, alors que 280 milliards de dollars sont investis dans de grands projets de développement. Cela est inacceptable dans un pays où l'argent coule à flots. Où certains sont pris en charge de manière éhontée, tandis que d'autres sont abandonnés à leur triste sort. Pourtant, cette manne financière pourrait également servir à la création de l'emploi et à endiguer la précarité dans laquelle vivent les récipiendaires des couffins. Parce que, en général, les aides de l'Etat, comme cela se fait ailleurs, sont destinées aux personnes dites aux besoins spécifiques. Le reste de l'argent quand il est disponible, comme c'est le cas pour l'Algérie présentement, devra justement servir à encourager la création de nouveaux postes d'emploi permanents. Tout le reste pourrait signifier que l'on n'est pas loin du jour où l'on instaurera, comme à l'ère coloniale, la carte de l'indigénat. F. A.