Synthèse Sihem Ammour En marge de la 8ème édition du Festival de la musique aïssaoua de Constantine «Kherdjat Sidi Rached», qui a débuté lundi dernier, un colloque sur la pensée soufie et les zaouïas s'est déroulé les 25 et 26 août à la maison de la culture Mohamed-Laïd-Al-Khalifa, animé par de grands penseurs et chercheurs dans le domaine. Ces deux journées ont notamment été animées par les conférences remarquées de l'universitaire algérien Saïd Djabelkheir sur les personnalités du soufisme et leur rôle dans la préservation des référents religieux et nationaux, le Pr Mohamed El Akil de Syrie sur le rôle de zaouïa dans le mouvement de libération nationale et celle abordant la thématique du «soufisme et les zaouïas» du Pr Mohamed Ghedira de Tunisie. L'universitaire algérien Saïd Djabelkheir a, pour sa part, estimé, lors de la conférence qu'il a animée mercredi passé, que la rivalité qui a opposé à partir des années trente l'Association des oulémas musulmans algériens aux zaouïas était «politique et procédait de questions d'influence sans toucher aux préceptes de l'islam», rapporte l'APS.Saïd Djabelkheir, qui a animé une conférence sur le rôle des écoles de soufisme et des zaouïas dans la préservation des référents religieux et identitaires de l'Algérie sous occupation coloniale, a rappelé que les membres de l'équipe dirigeante de l'Association des oulémas musulmans algériens, y compris Cheikh Abdelhamid Benbadis, étaient tous issus des zaouïas. Le conférencier a souhaité dans ce sens que l'Etat algérien, qui a publié les archives et les œuvres de l'Association des oulémas, puisse également publier les articles de Cheikh El Allaoui, parus dans la revue El Balagh et qui donnaient la version et les argumentaires des zaouïas dans la controverse qui les opposait aux oulémas. Les zaouïas ont opposé une résistance farouche à l'occupant français et su contrecarrer ses tentatives de destruction des référents religieux et identitaires. Elles sont devenues l'ennemi juré de cet occupant qui a tout fait pour les infiltrer et créer ainsi des zaouïas «fantoches», chapeautées par de faux chefs religieux n'ayant aucun enracinement dans la tradition soufie, a relevé Djabelkheir pour expliquer la collaboration de certains zaouïas avec l'administration coloniale. Pour conclure, l'universitaire Saïd Djabelkheir a souligné : «Hormis certains cas préfabriqués, les zaouïas ont été de véritables remparts contre les entreprises d'occupation et déculturation des peuples.» Ses propos ont été dans le sens de ceux de l'universitaire syrien Mahmoud El Okeil, qui l'a précédé à la tribune. Ainsi, en plus de leur rôle dans l'enseignement religieux, les zaouïas ont joué des rôles politiques, culturels, sociaux et même urbanistiques, ont souligné les deux animateurs de la rencontre, rappelant que bon nombre de villes du pays ont été fondées autour d'une zaouïa dont elles portent le nom du fondateur à ce jour. Pour rappel, le festival, qui sera clôturé demain, a également offert au public des spectacles de musique aïssaoua, telle qu'elle est pratiquée dans différentes régions d'Algérie, au Maroc et en Tunisie. Elle a élargi, lors de cette édition 2010, sa palette musicale à la musique soufie du Machreq (Moyen-Orient) à travers la troupe de «Aâchiqi Mohamed» de Syrie et celle de la grande zaouïa «Marzag» de Libye qui se situe entre le Maghreb et le Machreq.