L'éruption en avril du volcan Eyjafjöll a fait annuler des milliers de vols. Les compagnies françaises viennent de présenter l'addition à l'Etat. Elles réclament 51 millions d'euros de dédommagement. Plus de quatre mois après la pagaille provoquée dans le ciel européen par l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll, les compagnies aériennes françaises n'entendent pas payer seules la facture. Elles attendent un coup de pouce financier de la part du gouvernement. C'est, selon nos informations, le sens de la lettre adressée le 3 août à Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Ecologie, par la Fédération nationale de l'aviation marchande (FNAM), qui regroupe les principaux acteurs du secteur : Air France KLM, XL Airways, Aigle Azur, Brit Air… Les compagnies françaises chiffrent au total à 200 millions d'euros la perte liée aux perturbations de trafic. Sur ces 200 millions, la FNAM réclame le remboursement de certains coûts spécifiques, comme les 32 vols tests effectués pour mesurer l'impact du nuage et les 152 vols à vide mis à disposition pour rapatrier les Français bloqués à l'étranger. Sans oublier les frais annexes (sous-traitance, service de réclamations, maintenance, etc.)Selon leurs calculs, la note s'élève exactement à 51,065 millions d'euros. «Un geste d'accompagnement volontariste, à destination d'un secteur confronté à une situation économique très difficile depuis deux ans, serait apprécié», confie Jean-Pierre Le Goff, délégué général de la FNAM. Les compagnies estiment leur demande d'autant plus légitime qu'elles considèrent avoir joué le jeu en ramenant au plus vite en France les compatriotes coincés à l'étranger. Mais aussi en trouvant un rapide accord avec les voyagistes et les associations de consommateurs, qui a permis de déminer l'épineux dossier des indemnisations des passagers. «On a sauvé la mise des politiques au moment où la polémique enflait autour du manque de coordination entre les Etats européens. Sans nous, la gestion de la crise aurait été désastreuse», explique-t-on chez l'une des principales compagnies. Les négociations traînent depuis des semaines, de multiples réunions ont été organisées sur le sujet depuis avril.Selon le cabinet de Dominique Bussereau, le secrétaire d'Etat aux Transports, «une réponse sera apportée la semaine prochaine». Sera-t-elle conforme aux exigences des professionnels ? Pas sûr. Une source proche du dossier croit savoir qu'un «arrangement sera trouvé, mais pas à la hauteur des espérances des compagnies». R. E.