Les ministres des Transports de l'UE devaient se réunir hier par vidéoconférence, pressés par plusieurs compagnies qui jugent excessives les restrictions de vol imposées dans le ciel européen. L'Union européenne s'efforçait hier de rouvrir des routes dans son espace aérien paralysé pour la cinquième journée par des cendres volcaniques alors que la grogne des compagnies d'aviation montait contre les gouvernements, les pertes financières s'accumulant. Les ministres des Transports de l'Union européenne devaient se réunir dans l'après-midi d'hier par vidéoconférence, pressés par plusieurs compagnies qui jugent excessives les restrictions de vol imposées dans le ciel européen et s'inquiètent du gouffre financier causé par l'immobilisation des appareils. Parmi ces compagnies figurent les deux premiers transporteurs allemands Lufthansa et Air Berlin, qui dénoncent l'absence de calcul de la concentration de cendres dans l'atmosphère et arguent de vols intérieurs effectués durant le week-end sans passagers et sans «dommage» jusqu'à 8000 m. Mais le ministre allemand des Transports Peter Ramsauer a plaidé la prudence. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a lui aussi défendu les restrictions imposées au transport aérien, au nom de l'«importance capitale» que revêt la sécurité des passagers. L'Association internationale du transport aérien (IATA), qui représente 230 compagnies, a durement critiqué la gestion de la crise par les gouvernements et l'UE. «C'est un embarras pour l'Europe et c'est une pagaille européenne», s'est emporté hier le directeur de l'IATA Giovanni Bisignani. La paralysie du trafic coûte environ 150 millions d'euros par jour au secteur, selon l'IATA. Pour l'ensemble de l'économie allemande, le préjudice est d'environ un milliard d'euros par jour, a estimé le chef économiste de la Chambre de commerce et d'industrie allemande (DIHK), Volker Treier. Des scientifiques allemands devaient effectuer un vol hier en fin d'après-midi pour mesurer la concentration dans l'air des particules de cendres lâchées par le volcan islandais Eyjafjöll, qui peuvent endommager les réacteurs des avions. Des mesures doivent être prises jusqu'à 10.000 mètres d'altitude. Alors que l'éruption du volcan et la colonne de cendre ont nettement diminué, selon une géophysicienne islandaise, d'autres compagnies d'Europe ont elles aussi jugé l'espace aérien «sûr» (KLM) et dit n'avoir détecté «aucune anomalie» (Air France) lors de vols-tests. La néerlandaise KLM a indiqué avoir effectué deux vols commerciaux «sans problèmes» des Pays-Bas vers les Emirats arabes unis et vers Bangkok/Taipeh. Ces vols avaient décollé dimanche soir. La principale association des compagnies aériennes européennes et celle des gestionnaires d'aéroports font elles aussi pression pour une réévaluation des restrictions de vols. Les fermetures d'aéroports et restrictions de vols provoquées par l'immense nuage de cendres crachées par le volcan ont déjà bloqué au sol environ 6,8 millions de passagers dans 313 aéroports à travers le monde, selon Airports Council International (ACI), la plus importante organisation professionnelle des aéroports. Hier, la situation semblait toutefois s'améliorer quelque peu, alors que des dizaines de milliers de vols ont été annulés depuis jeudi et que des centaines de personnes continuaient de patienter et dormir dans des aéroports européens. Environ 30% des vols, soit entre 8000 et 9000 sur les plus de 28.000 prévus, devraient être assurés dans la journée (hier) en Europe, a estimé l'Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne (Eurocontrol). Si certains pays ont repoussé la réouverture générale de leurs aéroports et/ou de leurs espaces aériens (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie, Suisse, Grande-Bretagne...), d'autres ont au contraire levé partiellement les restrictions (Finlande, Suède, Roumanie, Slovaquie, République tchèque...). Les aéroports espagnols, certains français et croates fonctionnaient dès dimanche après-midi. Des millions de voyageurs restaient néanmoins bloqués dans le monde tandis que d'autres tentaient de rallier leur destination par des moyens terrestres ou maritimes.