L'euro continuait hier de se déprécier sur les marchés asiatiques face au dollar, passant sous la barre de 1,48 dollar pour un euro, soit son plus bas niveau depuis cinq mois, en raison des inquiétudes suscitées par les signes de ralentissement économique de la zone euro, le conflit en Géorgie et la baisse du prix du pétrole, selon certains experts. La devise européenne restait en revanche stable face au yen, à 162,91 yens pour un euro contre 162,55 yens jeudi. La monnaie japonaise continuait de céder du terrain face au dollar à 110,25 yens pour un dollar contre 109,66 la veille. L'annonce jeudi d'une contraction de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro au deuxième trimestre, la première depuis la création de cette zone, a fait ressurgir le spectre de la récession et alimente les spéculations sur une prochaine baisse des taux de la Banque centrale européenne. Plusieurs pays moteurs de la zone euro ont également montré jeudi dernier des signes inquiétants de ralentissement. Les récentes déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE), qui a dit avoir «identifié certains risques pour la croissance», après que l'institution eut décidé de laisser inchangé son taux directeur à 4,25%, ont aussi contribué à impulser la tendance baissière de la valeur de la monnaie commune. «Nous avions identifié certains risques pour la croissance […]. Certains se matérialisent», a déclaré le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, en prédisant un ralentissement économique net aux deuxième et troisième trimestres. «Les difficultés de l'économie américaine se propagent dans le reste du monde et notamment en Europe», a ajouté, de son côté, David Gilmore, analyste chez Foreign Exchange Analytics. «Nous avons probablement vu le pic de l'euro quand il était à 1,60 dollar», prévoit David Mann, analyste chez Standard Chartered à Hong Kong, ajoutant toutefois que la devise européenne ne devrait pas retomber en dessous de 1,40 dollar. La crise que connaît la Géorgie est également considérée par les spécialistes en la matière comme un facteur ayant contribué à la baisse de l'euro qui s'est amorcée depuis le 26 février dernier. «Beaucoup d'investisseurs considèrent les troubles en Géorgie comme une raison supplémentaire de vendre leurs euros, et l'Europe se reposant fortement sur la Russie pour son approvisionnement en pétrole», ont expliqué certains économistes. Dans ce contexte, la monnaie japonaise tire son épingle du jeu, étant souvent considérée comme une valeur refuge dans les périodes d'incertitude économique.Sur un autre registre, la baisse des prix du pétrole n'est pas étrangère à la consolidation de la valeur du billet vert. Le dollar a commencé à connaître une certaine stabilité suite à l'interruption de la hausse des prix du pétrole. Mais la question qui demeure est de connaître l'impact qu'aura cette baisse de l'euro face au dollar sur les importations algériennes, et par-delà sur les prix des produits importés. En l'absence d'indicateurs précis, certains spécialistes en la matière affirmant que, pour l'heure, «rien n'est moins sûr», se contenteront de prévoir une monnaie européenne à plus de 94 dinars à la fin de cette année.