Même si le passage de l'ouragan Gustav a entraîné l'arrêt total de toute la production de pétrole dans les installations du golf du Mexique, qui concentre un quart de la production de brut des Etats-Unis, il n'a pas provoqué de dégâts majeurs. Ainsi et contrairement à ce qui était attendu, les perturbations qu'a entraîné Gustav dans cette région n'ont pas fait grimper le prix du pétrole. Mieux encore, le baril de pétrole était en forte baisse hier en milieu de matinée tant à New York qu'à Londres où il a baissé en dessous des 105 dollars. Le Brent pour livraison en octobre, à Londres, a cédé jusqu'à 5,27 dollars à 104,14 dollars par rapport à la clôture de lundi soir. Il s'agit d'un plus bas depuis le 4 avril. Le prix du baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre a plongé de dix dollars tout rond par rapport à la clôture de vendredi (les marchés américains étant fermés lundi, ndlr) à 105,46 dollars lors des échanges électroniques de New York, avant de se reprendre très légèrement. Avec la rétrogradation de Gustav au rang de tempête tropicale, les marchés estiment qu'il n'y a plus de facteur haussier sur le brut, notamment en raison du ralentissement de l'économie mondiale, du recul de la demande et du rebond du dollar. Le pétrole était ainsi affaibli par le très net renforcement du dollar sur le marché des changes, l'euro est tombé sous 1,45 dollar mardi à 1,4484 dollar, pour la première fois depuis le 11 février, en raison, notamment, d'attentes de baisse de taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) pour combattre le ralentissement économique. La monnaie unique renoue ainsi avec un niveau qu'elle n'avait plus atteint depuis plus de six mois, début de son escalade face au dollar qui avait culminé en avril et en juillet, au-dessus de,60 dollar pour un euro, avant de prendre le chemin inverse en raison des craintes quant à une possible entrée en récession de la zone euro. D'ailleurs, L'OCDE a nettement revu en baisse ses prévisions de croissance 2008 pour la zone euro et la Grande-Bretagne. Sa prévision de croissance moyenne pour l'année au sein de la zone euro et au Royaume-Uni est de 1,3% et 1,2% respectivement contre 1,7% et 1,8% début juin. Le ralentissement général de l'économie mondiale pèse donc sur le marché pétrolier, qui pouvait craindre une demande en baisse. Ces éléments avaient déjà contribué ces dernières semaines au reflux des cours du pétrole, revenus d'un plus haut absolu à 147,27 dollars atteint le 11 juillet. Ce mouvement de baisse avait toutefois été brutalement interrompu par le conflit entre la Russie et la Géorgie, puis par l'irruption de Gustav. "Sans ces menaces, nous aurions déjà testé le seuil de cent dollars", estime Mike Wittner, de la Société Générale. "La morosité économique et la vigueur du dollar vont imprimer un mouvement baissier sur le dollar. Il y a de grandes chances pour qu'il repasse sous les cent dollars", confirme Christopher Bellew de Bache Commodities.