Après des années d'attente, le président français Nicolas Sarkozy décide, enfin, de prendre le dossier «Algérie» à bras-le-corps. Voulant contourner les sujets qui fâchent, il vient de nommer l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, pour s'occuper des questions économiques bilatérales. «Cette mission aura pour but d'identifier et de lever les obstacles entre la France et l'Algérie pour leurs investissements économiques respectifs», a précisé un communiqué de la Présidence française, diffusé mercredi dernier. Selon les informations fournies à Paris, la mission de Jean-Pierre Raffarin n'est pas une première. Puisque même les deux visites effectuées par le secrétaire général de la Présidence française, Claude Guéant, lors du premier semestre de l'année en cours, entrent dans la même logique. On apprend, par le biais de ce communiqué de l'Elysée, que Claude Guéant avait surtout discuté de l'économie avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia. «Les deux hommes se sont accordés sur l'opportunité de confier de part et d'autre le suivi de ces relations à une personnalité de haut niveau, dont le rôle serait notamment de coordonner la coopération économique franco-algérienne, ainsi que le développement des investissements français en Algérie et algériens en France», révèle, en effet, le document.La France sent-elle, en fait, sa place de «privilégiée» s'effilocher ? Le mot n'est pas employé du côté de Paris. Mais l'allusion est parfois trop parlante pour exprimer un dépit que le style direct ne peut résumer. «Notre pays demeure l'un des tout premiers partenaires économiques de l'Algérie. Pour autant, nul acquis n'est définitif et nous devons veiller à maintenir et autant que possible accroître nos positions et marché», indique la lettre de mission adressée par le président français à son VRP, qui a déjà été chargé d'effectuer des missions pareilles, notamment en Chine. Pour en arriver là, le Français a dû constater que leur position en Algérie n'est plus ce qu'elle était. Bien au contraire. C'est pour cela d'ailleurs que Nicolas Sarkozy parle carrément de «difficultés» rencontrées par les entreprises françaises désireuses d'investir en Algérie. Dans un ultime souci de ne pas afficher sa panique, le chef de l'Etat français préfère parler des «échanges» et des «soucis» d'investissements des «entreprises des deux côtés». Il sait pourtant que l'investissement algérien en France est insignifiant. Ce n'est pourtant pas trop tard. Le président français le sait et fait des efforts. C'est à cela que répond le choix de Jean-Pierre Raffarin. «(…) L'intervention d'une personnalité spécifiquement chargée des relations économiques bilatérales montrera à nos partenaires algériens, comme à nos entreprises la volonté de la France d'apporter un soutien concret à notre présence en Algérie», explique Sarkozy dans sa lettre de mission. Jean-Pierre Raffarin, actuellement vice-président du parti au pouvoir et sénateur, a été Premier ministre français de 2002 à 2005. Depuis l'élection du président Nicolas Sarkozy en 2007, il effectue souvent des missions ponctuelles dans plusieurs régions du globe. Il a déjà fait plusieurs voyages en Algérie en tant que sénateur. A. B.