Les prix du pétrole ont progressé lundi à New York, le baril finissant à plus de 77 dollars, soutenu par la fermeture pour une durée indéterminée d'un important oléoduc transportant du brut canadien vers les Etats-Unis et par de solides indicateurs chinois. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en octobre a terminé à 77,19 dollars, en progression de 74 cents par rapport à la clôture de vendredi. A Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a gagné 87 cents à 79,03 dollars. Le marché continuait d'être porté par la fermeture de l'oléoduc 6A opéré par Enbridge dans l'Illinois (nord des Etats-Unis), d'une capacité maximale de 670 000 barils, et qui transporte du brut canadien vers le Midwest américain. Enbridge a fermé sa ligne après la détection d'une fuite, et a précisé lundi dans un communiqué ne pas avoir d'estimation pour une date de reprise. La plus grande partie de la hausse des prix «est liée à la fermeture de l'oléoduc. C'est une ligne importante qui vient du Canada aux Etats-Unis, au moins 300 000 barils qui sont normalement dirigés vers Cushing ne sont probablement pas arrivés», a estimé Tom Bentz, de BNP Paribas. Cushing est le principal terminal pétrolier aux Etats-Unis, situé dans l'Oklahoma (sud). Les réserves s'y accumulaient à des niveaux record depuis plusieurs semaines. «Le rétrécissement de la différence entre les prix des contrats à terme aux échéances à plus court terme indique que le marché admet que la fermeture va réduire les stocks à Cushing», ont souligné les analystes de JP Morgan. «Cet arrêt de fonctionnement va retarder le moment où le terminal atteint sa capacité maximale de stockage. S'il devait durer plus de treize jours, il est possible que ce point n'arrive pas avant tard dans l'année, ou même jusqu'à la période de maintenance (des raffineries, ndlr) du printemps 2011», ont-ils précisé. Cet incident sur le marché américain avait également pour conséquence de réduire la prime actuellement observée sur le prix du Brent échangé à Londres, pourtant traditionnellement moins cher que le «light sweet crude».En fin de séance toutefois, la hausse des prix s'est modérée. Des rumeurs ont circulé selon lesquelles la réouverture de l'oléoduc pourrait intervenir dans les 48 heures, a rapporté Tom Bentz. Le marché du pétrole et les matières premières en général ont été également portés par les chiffres de la production industrielle chinoise, qui a augmenté de 13,9% sur un an en août, contre 13,4% en juillet et 13,7% en juin. Les indicateurs publiés en Chine depuis la clôture de vendredi «ont été meilleurs qu'attendu et suggèrent une demande robuste et constante de la part du deuxième plus gros consommateur mondial de pétrole», ont noté les analystes de Commerzbank. Certains analystes restaient tout de même sceptiques face à ces niveaux, estimant que la reprise économique restait encore très incertaine. «Des prix du brut approchant 80 dollars et plus vont commencer à être perçus comme des menaces envers une potentielle reprise», a estimé Mike Fitzpatrick, de MF Global. R. E.