De notre correspondant à Constantine A. Lemili Parler de l'activité sportive durant le mois de ramadhan ne peut que poser, de la manière la plus évidente, la question de l'être humain surpassant ses capacités naturelles à l'effort dans des conditions qui ne répondent pas aux normes ordinairement établies. Pour cause, c'est la raison exceptionnelle évoquée et à laquelle, à tort ou à raison, il n'y a pas en réalité de réponse précise hormis des louvoiements de scientifiques et des interprétations parfois vagabondes de théologiens. Le jeûne sera là dans quelques jours et l'activité sportive également même si, dans l'immédiat, c'est plutôt le football qui occupera la scène, et, ironie du hasard, c'est le sport dans lequel les compétiteurs ne fournissent pas plus d'efforts qu'ailleurs. Le contexte dans lequel la compétition se déroule induit des conditions spécifiques où la tension le dispute à la dépense d'énergie physique. Pis, ce mois de ramadhan se conjugue avec l'été, une saison vraisemblablement plus caniculaire cette année. Compte tenu des choix laissés par la Ligue nationale aux associations, celles, toutefois, disposant de moyens idoines, quant à l'heure de programmation des rencontres. Le docteur B. Hocine, médecin du CSC, coauteur d'un travail scientifique sur la pratique de l'effort dans des conditions spécifiques (le jeûne à titre d'exemple) en est arrivé à la conclusion selon laquelle «le mois de ramadhan ou, du moins, ses contraintes, n'a aucune influence sur le métabolisme des footballeurs algériens.» Toutefois, sur le plan diététique, il est clair que le choix d'un programme adapté aux nouvelles conditions de vie des sportifs s'impose. Une sorte d'hygiène de vie qui tiendrait forcément compte de tous les nouveaux paramètres : sommeil, loisirs, récupération, entraînement, etc. Pour le Dr B. Hocine, «il s'agirait, en fait, de préciser que le sportif pour la simple raison qu'il pratique une activité physique intense a déjà adapté son organisme aux exigences du terrain. Il demeure bien entendu des paliers à ne pas dépasser et là, je crois sincèrement que les entraîneurs ont besoin de connaître les limites de certains joueurs. Il faudrait surtout pour cela qu'ils acceptent les orientations du médecin du club. Dans le cadre de notre métier, il nous a été donné d'être en face de situations difficiles de footballeurs qui réagissent avec hostilité à la suite du constat médical que nous faisons à l'issue d'épreuve cyclique d'effort. Pour l'anecdote, un jour, j'ai eu à constater qu'un joueur considéré par tout le monde au top niveau n'avait pourtant même pas une heure de jeu dans les jambes. J'en ai parlé au staff technique qui a décidé de mettre en place un programme d'entraînement spécifique pour le joueur qui était quand même l'une des pièces maîtresses dans le système du jeu de l'équipe. Par mesure de rétorsion, ce joueur a demandé à être libéré et a rejoint en cours de saison un club algérois de l'élite dont il a chauffé le banc de touche durant presque toute une saison. Le staff médical du club concerné avait fait le même constat que nous». Comment, alors, expliquer que, sous d'autres cieux des joueurs, au demeurant très jeunes, décèdent sur le terrain dans des compétitions officielles européennes et pas des moindres ? Le dernier exemple est celui du Sévillan Lapuerta. Le Dr B. Hocine a réponse à tout : «Vous savez, je ne peux mettre en doute le travail d'équipes médicales parfois impressionnantes au sein des clubs européens. La compétence professionnelle du personnel ne saurait être mise en cause. Toutefois, je crois comprendre qu'il s'agit d'une simple négligence. Car, à ce stade, comment imaginer qu'un jeune de vingt ans qui est passé parfois par plusieurs clubs parmi les plus prestigieux du monde puisse porter en lui une quelconque déficience physique ou physiologique ? Le cas de l'international français, Lilian Thuram, est plus qu'illustratif et se passe de commentaire s'agissant d'un joueur qui a traversé presque vingt ans de professionnalisme, trois coupes du monde et autant de championnats d'Europe et qui plus est a évolué dans les deux formations les plus spectaculaires du globe, en l'occurrence la Juventus et le FC Barcelone.» Difficile de contredire un tel raisonnement et force est de croire en le raisonnement scientifique et médical de notre interlocuteur, d'autant plus que, jusqu'à présent, à l'exception de la violence qui sévit dans les gradins et les tribunes des stades, jamais les pelouses n'ont eu à enregistrer des situations dramatiques de ce genre. Alors, autant se croiser les doigts.