De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili «Evidemment. Ici à Constantine comme partout ailleurs dans la compétition, les footballeurs se dopent ou plutôt sont dopés pour obtenir de meilleures performances sur le terrain.» Le constat qui semble pour le moins grave et osé est vite corrigé par Z. D., occasionnellement médecin du sport, qui précisera immédiatement : «Ils sont dopés au son du froissement des billets de banque non pour se surpasser sur le terrain. Ce qui leur est souvent demandé quand même, particulièrement pour lever le pied. Je ne vous apprends rien, cela est de notoriété publique et, vous les journalistes, vous en parlez régulièrement même si c'est d'une manière détournée.» Comble de l'ironie, le dopage n'est pas à l'abri du burlesque, comme l'est depuis quelques années la compétition nationale de football, toutes divisions confondues. Med B., technicien du sport à l'ISTS de Constantine, rencontré mercredi dernier lors d'une réception donnée en l'honneur de sportifs locaux, considère que les instances sportives, «malgré les engagements pris dans le cadre de la charte internationale de lutte contre le dopage en sport, agissant ès qualités, n'accordent pas en réalité un grand intérêt à ce phénomène, lequel, il est honnête de le souligner, n'existe pas et pourrait sans doute en être encore au stade fœtal. Il faut également préciser que physiologiquement le sportif algérien, du moins en football, n'est pas à mon sens demandeur d'artifices pour [parfaire] ses performances eu égard au niveau de la compétition et des performances exigibles ou qui pourraient être exigées par leurs employeurs». En plus clair, le niveau du championnat est tel qu'il n'est nullement nécessaire de recourir à des expédients pour être au diapason. C. B., qui vient d'être enrôlé par l'un des trois clubs de la wilaya, estime que «cela fait dix ans que je joue au football, je me suis baladé sur tous les terrains d'Algérie en gravissant palier par palier les divisions et dans différentes équipes, je ne me souviens pas une seule fois avoir été en présence d'un cas de dopage au sens où vous le présentez. Il est vrai que certains joueurs font entorse à… certaines règles, en consommant des boissons alcoolisées, ou en fumant des cigarettes ordinaires et, souvent, accompagnées d'un joint, mais, quant au recours à des produits de substitution susceptibles d'augmenter les performances humaines, j'ai la certitude que cela n'a pas cours dans la compétition, et n'aura pas lieu dans l'immédiat, parce que la situation, voire l'effort sollicité sur le terrain, est tel qu'il n'exige pas autre chose que la seule volonté humaine… du moins à ce stade du geste physique. A mon avis, le dopage c'est aussi une culture. Il n'est pas encore installé en Algérie, mais il finira inéluctablement par l'être et de la même manière qu'il l'a été dans des pays étranges où il fait aujourd'hui des ravages dans les compétitions les plus prestigieuses où l'impossible était attendu des participants. Je vous citerai, à titre d'exemple, le Tour de France de cyclisme, aujourd'hui totalement frelaté par le dopage.» Un raisonnement qui tient la route. Le dopage s'installera sans doute. Il faudra laisser le temps au temps et à la nécessité que lui imposera l'obligation de résultats, eux-mêmes dictés par la vénalité des dirigeants des clubs employeurs. «Mais, les risques sur lesquels il faut d'ores et déjà anticiper, et vivement que les médias en parlent, ce sont ceux qu'induits l'absence de maîtrise des techniques de dopage, des procédés utilisés et des produits administrés. Parce que toute cette alchimie, même très bien maîtrisée, met en danger de mort le sportif qui y a recours ou qui lui est imposée pour des besoins extra sportifs», dira Z. D., médecin du sport, qui ajoutera, non sans rire : «Nous savons tous que la majorité des footballeurs, pour ne pas dire des sportifs, sont des consommateurs de la chique. Or, il se trouve que s'ils n'en ont pas dans leurs shorts en cours de la rencontre, les joueurs se requinquent durant la pause. Il s'agit pourtant là d'une forme de dopage qui s'ignore ou que tout le monde feint d'ignorer, en ce sens qu'elle redonne un avantage certain à un joueur sur un autre… son adversaire… mais, bien évidemment, c'est là une question d'hygiène de vie générale qu'il faudra autrement méditer.»