Quelques jours seulement après l'information donnée par un quotidien émirati, selon laquelle l'Algérie renoncerait à participer au mégaprojet européen «Desertec», le P-DG de Sonelgaz M. Nourredine Bouterfa est venu mettre les points sur les «i» lors d'une session du Congrès mondial de l'énergie, organisé à Montréal. Le premier responsable de Sonelgaz a affirmé en fait, selon l'APS, que «le projet, qui est au début de sa phase de séduction, rallie des supporters, mais connaît également des détracteurs». M. Bouterfa, qui a affiché sa satisfaction quant à l'idée du projet qui a fait son chemin, a tenu cependant à préciser que qu'elle pourrait être concurrencée par le Plan solaire méditerranéen, initié par la France dans le cadre de l'Union pour la méditerranée (UPM). «Le projet Desertec se développe parallèlement au Plan solaire méditerranéen qui prévoit la construction de centrales solaires d'une capacité totale de 20 GW à l'horizon 2020», a-t-il dit, soulignant au panel des responsables et d'experts, qui animaient cette table ronde, que l'idée du projet est algérienne et qu'elle a été reprise ensuite par la fondation Desertec sous l'auspice du club de Rome et de l'association Trans-Med pour la coopération sur les énergies. Selon les détails fournis par le même responsable, Desertec avait été évoqué par l'Algérie en 1993 à Tunis, lors de la conférence sur le développement et le fonctionnement des grands réseaux interconnectés, organisée par l'ancienne Uniped. L'Algérie avait alors présenté un projet futuriste de production dans le Sahara algérien de 100 GW en énergie solaire, qu'elle a encore évoqué une autre fois lors de la réunion interministérielle sur les interconnexions Maghreb-Europe, tenue à Alger en septembre 1995, et qui a regroupé les ministres chargés de l'Energie d'Algérie, d'Espagne, du Maroc, de Tunisie, de Libye et d'Egypte. Dans son intervention, le dirigeant de Sonelgaz dira aussi au panel que ce projet, dont le coût pourrait s'élever à 500 milliards de dollars, vise à la fois à répondre en grande partie aux besoins des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient et à fournir dans un premier temps 15% de l'électricité nécessaire à l'Europe. Un tel projet devrait pouvoir fournir avant 2050 plus de 50% des besoins en électricité de l'Afrique du Nord, de l'Europe et du Moyen-Orient, selon ses dires. La société «DII Gmbh», créée en 2009 à l'effet d'initier toute action permettant d'accélérer la mise en œuvre du projet, mène actuellement des études de faisabilité. M. Bouterfa a, par ailleurs, noté que l'Afrique, dont la demande en énergie reste croissante et insatisfaite, a besoin de faire aboutir des grands projets comme Desertec, Inga ou le Trans-African Gas Pipeline (TSGP - reliant le Nigeria à l'Europe via l'Algérie). Mais la réussite de Desertec et du TSGP dépendra de l'intérêt des bénéficiaires à promouvoir le concept de complémentarité afin d'utiliser avec une plus grande rationalité économique les ressources naturelles, industrielles et humaines africaines existantes, a-t-il tenu toutefois à souligner. Enfin, pour M. Bouterfa, au moment où l'Afrique peine à atteindre les 30% d'accès à l'électricité, les autres régions en développement atteignent des seuils de 70% à 90%. S. B.