Le fameux projet solaire Desertec qui vise à fournir 15% de l'électricité européenne en 2050 à partir, essentiellement, de centrales solaires thermodynamiques, n'a pas eu l'accord de l'Algérie. L'information a été rapportée par le quotidien émirati The National dans son édition du 2 septembre, ajoutant que l'Algérie qui était considérée comme partie prenante de ce projet vient de renoncer à tous ses engagements. La même source rapporte que «la décision de l'Algérie a été un coup dur pour le reste des pays partenaires qui ont perçu cette décision comme une mauvaise nouvelle». L'Algérie a annoncé officiellement son retrait aux autres partenaires il y a de cela un mois, à en croire le journal émirati. Porté par une société à responsabilité limitée, le projet Desertec a pris officiellement forme en juillet 2009 avec 12 compagnies européennes. Les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) se sont déclarés favorables au programme et l'ont exprimé lors d'une récente rencontre, tenue à Alger, entre leurs ministres de l'énergie et Gunther Ottinger, commissaire européen à l'énergie. De son côté, Paul Van Son, président de Desertec, a fait part la semaine dernière de ses préoccupations face à la baisse de soutien du gouvernement allemand pour le projet. «Nous avons été surpris par le manque d'intérêt exprimé par le gouvernement allemand pour Desertec, alors qu'il y a quelque temps, tous les yeux étaient braqués sur ce projet», a-t-il dit en marge d'une conférence sur les énergies renouvelables à Munich. Pour maintenir le projet, les partenaires cherchent à attirer des investisseurs issus du monde arabe. «Nous sommes en discussions avec les entreprises dans la région MENA, que nous essayons de convaincre de rejoindre le groupe», a indiqué M. Van Son à l'agence Reuters, sans nommer aucun des candidats. Ce même responsable avait annoncé la participation de cinq pays, à savoir le Maroc, la Tunisie, l'Espagne, l'Italie et la France. Sur le papier, le concept de Desertec est simple. Il s'agit de produire de l'électricité issue du solaire là où il y a du potentiel et ensuite l'exporter vers le Maghreb et l'Europe. Un réseau de supercentrales solaires (paraboles solaires et non panneaux photovoltaïques) serait implanté dans les pays de la ceinture saharienne. Le courant produit serait ensuite transporté par des lignes à haute tension posées au fond de la Méditerranée. Les obstacles les plus importants semblent être avant tout plus d'ordre économique et politique que technique. Les technologies nécessaires existent et fonctionnent déjà. En revanche, la construction d'un réseau d'approvisionnement traversant la Méditerranée et s'étendant sur au moins 2000 kilomètres demanderait près de 200 milliards d'euros d'investissements. L'ensemble du projet peut, selon les experts, coûter jusqu'à 400 milliards d'euros sur plusieurs décennies.